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Au risque de prêter au ridicule, je citerai encore en cette matière l’exemple des étrangers. Il existe un Conseil des Indes-Néerlandaises à Java, un Conseil des Indes-Anglaises à Calcutta, et un autre à Londres, près du ministre des Indes.

Le Conseil des Indes à Londres se compose de quinze membres à la nomination du ministre ; douze d’entre eux, au moins, sont nommés pour dix ans, au bout desquels ils peuvent, pour des raisons soumises au parlement, être prorogés pour cinq années encore. Les trois autres membres peuvent être nommés à vie. La majorité de ces membres doit avoir servi ou résidé dans l’Inde pendant au moins dix ans et ne l’avoir pas quittée depuis plus de dix ans. Tous y ont occupé des fonctions considérables. « Si vous consultez la liste des membres du Conseil actuel, dit sir John Strachey[1], vous verrez que cinq ont été gouverneurs de provinces ou membres du Conseil du vice-roi ; quatre ont appartenu à l’armée, deux aux travaux publics ; un est banquier, trois sont d’anciens diplomates, fonctionnaires ou négocians. »

Ce conseil n’a qu’un rôle purement consultatif. Même les questions qui passionnent l’opinion et se discutent dans la presse, ne peuvent venir en discussion devant lui, si le ministre ne l’en a pas saisi. Et même quand il est appelé à donner son avis au ministre, sauf dans les questions de finances, il ne le lie pas par cet avis : le ministre peut toujours s’affranchir de sa tutelle. En fait, il ne le veut pas souvent, et l’on cite les cas où il l’a voulu.


Voilà ce qu’est le Conseil des Indes. On objectera peut-être au ministre des Colonies, s’il songe à créer un Conseil indo-chinois, qu’il ne trouvera pas le personnel désirable pour le composer. Je me permets de lui faire observer que les plus hautes institutions ont eu les commencemens les plus humbles, et qu’à l’Ecole polytechnique, par exemple, dont les examens sont aujourd’hui de si redoutables épreuves, on entrait, dans les premiers temps, sans savoir l’analytique, comme Monge, ou seulement en promettant de l’apprendre, comme Arago.

Voilà, en peu de mots, comment nous concevons l’organisation du ministère des Colonies. Elle repose sur quelques principes essentiels :

Assurer aux colonies un personnel de choix ;

  1. India, un vol. in-8o, Kegan Paul, Londres 1888, pages 48 à 51. Consulter aussi sur les attributions respectives du ministre des Indes, du ministre assisté de son Conseil, et enfin du Conseil de l’Inde, un document administratif confidentiel, émané de l’India office et daté de 1887.