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un son ; ce son est, en général, beaucoup plus aigu que le son dû aux vibrations transversales.

Engendrées en une région d’un milieu donné, ces deux espèces de mouvemens se propagent dans la partie de ce milieu qui était d’abord au repos ; la vitesse de propagation des mouvemens longitudinaux est différente de la vitesse de propagation des mouvemens transversaux ; la première est, en général, plus grande que la seconde ; si donc, dans une petite partie d’un milieu d’ailleurs immobile, on fait naître une agitation, cette agitation se partagera de suite en un mouvement longitudinal et un mouvement transversal ; le premier se propagera, avec une grande vitesse, dans le milieu primitivement au repos ; le second s’y propagera aussi, mais plus lentement.

En particulier, dans un milieu incompressible, le mouvement longitudinal se propagera, comme l’avait prévu Descartes, avec une vitesse infinie ; aussitôt engendré en un point quelconque du milieu, il se fera sentir jusqu’aux régions les plus éloignées du centre d’ébranlement ; le mouvement transversal, au contraire, se propagera ordinairement avec une vitesse finie. Ainsi les lois de la propagation de la lumière ne sont nullement incompatibles avec l’hypothèse que l’éther est incompressible ; il suffit, pour rendre compatibles ces lois et cette hypothèse, de regarder, avec Fresnel, la lumière comme due à des mouvemens transversaux, comparables de tout point aux tourbillons qu’imaginait Descartes ; la constitution attribuée par Fresnel à la lumière polarisée aurait donné le droit à la physique cartésienne de sortir de l’oubli auquel l’avait condamnée la découverte de Römer.

Jusqu’ici, tout concorde harmonieusement entre le développement des hypothèses de l’optique et les progrès de la théorie des petits mouvemens ; il semble que cette seule supposition : la lumière consiste en mouvemens transversaux d’une substance impondérable appelée éther, suffise à faire sortir les lois des phénomènes lumineux des principes les plus certains de la mécanique rationnelle ; on comprend l’enthousiasme qu’un semblable résultat inspirait aux amis de la simplicité et de la logique ; on s’explique la confiance de ceux qui avaient vu naître ce beau système scientifique, en la théorie de l’élasticité et en la réalité de la substance éthérée ; on se rend compte des sentimens qui dictaient à Lamé cette page :

« L’existence du fluide éthéré est incontestablement démontrée, par la propagation de la lumière dans les espaces planétaires, par l’explication si simple, si complète des phénomènes de la diffraction dans la théorie des ondes ; et, comme nous l’avons