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fluide boréal, et placées en deux points déterminés de sa masse ; lorsqu’on écarte les aimans permanens qui ont engendré cet état, le morceau de fer doux se désaimante. De même, dans un morceau de soufre ou de paraffine placé en présence de corps électrisés, chaque élément de volume prend deux pôles électriques ; dans cet état, cet élément exerce sur les corps électrisés placés à quelque distance la même action que deux charges électriques égales, formées l’une de fluide positif et l’autre de fluide négatif, et placées en deux points déterminés de sa masse ; lorsqu’on écarte les corps électrisés qui ont engendré cet état de polarisation, toutes les parties du soufre ou de la paraffine reviennent à l’état neutre.

Le nom de corps isolans ne convient plus à des substances auxquelles on attribue un rôle électrique aussi complexe ; Faraday leur a donné le nom de corps diélectriques qui est aujourd’hui universellement adopté.

Ajoutons que là même où nous ne percevons aucun corps, dans les espaces que l’on regarde habituellement comme vides, les physiciens, à la suite d’Edmond Becquerel, ont été obligés d’admettre l’existence d’une substance capable d’être aimantée, d’une substance magnétique ; cette substance, à laquelle nous pouvons conserver le nom d’éther, ils ont été tout naturellement conduits à lui attribuer aussi la capacité d’être polarisée ; l’éther même est donc un corps diélectrique.

À l’œuvre de Faraday se rattache celle de Maxwell.

Lorsqu’en un corps conducteur l’électrisation varie, ce conducteur offre des propriétés particulières que l’on symbolise en disant que le conducteur est parcouru par un courant électrique ; l’étude des phénomènes qui se produisent en ces conducteurs parcourus par des courans électriques a enrichi la physique des découvertes les plus belles, l’industrie, des inventions les plus surprenantes. Maxwell pensa qu’un diélectrique dont la polarisation varie devait offrir également des particularités intéressantes ; pour caractériser cet état d’un diélectrique dont la polarisation change d’un instant à l’autre, il proposa de dire que ce diélectrique était, lui aussi, traversé par des courans, mais par des courans d’un nouveau genre, qu’il aurait pu nommer courans diélectriques, qu’il préféra appeler, pour des raisons qu’il serait oiseux d’examiner ici, courans de déplacement.

Aucune expérience ne renseignait Maxwell sur les propriétés des courans de déplacement ; pour découvrir ces propriétés, il n’était guidé que par le sentiment d’une analogie, incomplète d’ailleurs, entre ces courans et les courans électriques ordinaires,