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Plusieurs ont déjà un nom dans les annales astronomiques. L’observatoire de Washington se distingua dès l’origine. Son premier directeur, Mathieu Maury, descendant d’une famille française émigrée à la révocation de l’édit de Nantes, ancien officier de marine, conçut l’idée, voilà un demi-siècle à peine, de dresser des cartes indiquant les vents et les courans. Il releva avec soin les observations consignées sur les livres de bord pour la traversée de New-York à Rio de Janeiro, et réussit à tracer une nouvelle route maritime beaucoup plus avantageuse que les précédentes. Le bateau américain qui osa l’inaugurer, le Wright, effectua le voyage aller et retour dans le même temps qu’employaient les navires pour aller seulement au Brésil par l’ancienne voie. A la faveur du succès, les recherches s’étendirent, et la plupart des longues traversées furent abrégées de moitié environ. Celle de New-York à San Francisco, par le cap Horn, se trouva ramenée de cent quatre-vingt-deux jours à cent jours ; celle de Londres à Sidney, aller et retour, ne demanda plus que cent vingt-cinq jours au lieu de deux cent cinquante. Ces travaux, qui rendirent, dès lors, les plus signalés services aux marins de tous les pays, permettent encore aujourd’hui aux voiliers de lutter avec les steamers pour les transports à très grande distance. On mange tout l’hiver, à Londres, des pommes d’Australie, apportées sur des navires à voiles qui suivent les routes montrées jadis par Maury.

La science pure n’était pas moins cultivée à l’observatoire de Washington, dont les premiers astronomes, Coffin, Hubbard et Walker, pratiquaient magistralement les méthodes les plus précises des savans européens. Durant ces vingt dernières années, les professeurs Newcomb, Harkness, Hall, se faisaient, connaître par d’admirables travaux. Il ne saurait être question ici de passer en revue leurs études théoriques. Rappelons seulement que le professeur Hall découvrit les satellites de Mars, ce qui lui permit de déterminer à nouveau la masse de la planète.

Cette découverte, opérée à l’aide d’un réfracteur ou, comme nous disons plus volontiers en France, d’une lunette astronomique construite par Clark, de Cambridge (près Boston), et présentant une ouverture de vingt-six pouces, c’est-à-dire soixante-dix centimètres, démontrait victorieusement l’utilité des grands instrumens d’optique en astronomie. Alors commença la lutte entre les objectifs, de même qu’elle se poursuit sur un terrain moins pacifique entre les modèles de canons. En 1880, M. Bischoffsheim offrait à l’observatoire de Nice une lunette dont le diamètre est de trente pouces, ou quatre-vingt-un centimètres. Huit ans plus tard,