Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 123.djvu/811

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chose de pratique et de vivant pour atteindre ce but qu’il reconnaissait à l’art.

Si tout n’est pas toujours ramené expressément à cette façon de voir dans la Revue de Bayreuth, tout s’y rattache cependant, au moins d’une façon indirecte : études sur l’esthétique ou sur l’histoire de la musique, sur la langue, sur les légendes, sur le théâtre et sur le drame, aussi bien sur le drame parlé que sur le drame musical, sur l’histoire, sur la philosophie, sur l’éthique, etc. Il va sans dire que, si c’est tout cela justement qui différencie la littérature wagnérienne de maintenant de celle de la première période, les questions ayant trait plus spécialement à Wagner n’y sont pas cependant abandonnées. On y élucide des points encore mal connus de sa vie, comme par exemple le rôle qu’il a joué dans la révolution de 1849 ; on y publie des études techniques, philologiques, scéniques, etc., sur ses drames mêmes ; on y poursuit la publication, — qui pourra être d’un secours précieux aux musiciens de l’avenir ayant à diriger des œuvres de Wagner, — d’une chronique minutieuse des répétitions qui eurent lieu à Bayreuth sous sa direction, avec toutes les indications données par lui pour l’exécution de ses œuvres. Et loin enfin de vouloir faire de Wagner un homme ayant tout d’un coup tout inventé dans l’art, on recherche et on étudie dans les auteurs célèbres d’avant lui tout ce qu’on peut retrouver qui, par fragmens tout au moins et sous un jour peut-être encore obscur, rappelle les idées qu’il a coordonnées en un tout si lumineusement éclairé par son génie.

On voit que la tâche que s’est imposée la Revue de Bayreuth est considérable. S’est-elle toujours montrée à la hauteur de cette tâche ? Il suffit de la feuilleter pour voir qu’elle contient nombre de travaux remarquables ; et, pour le reste, la bonne volonté et l’ardeur de ceux qui y ont collaboré pourront du moins servir à faciliter l’éclosion de nouveaux travaux dans un champ qui reste indéfiniment ouvert. Cette revue est donc bien le monument par excellence de la littérature wagnérienne d’aujourd’hui ; elle est le répertoire indispensable à quiconque s’occupe sérieusement de wagnérisme ; et c’est pourquoi j’ai dû commencer ainsi par en indiquer toute l’importance.

De tous les écrivains wagnériens de cette seconde période, il n’en est pas chez qui s’accusent plus nettement les traits caractéristiques de la nouvelle littérature wagnérienne que chez Henri de Stein. Si je le mets ainsi en tête du groupe des Bayreuthiens, ce n’est pas pour la part qu’il prit, avec M. Glasenapp, à la rédaction d’un lexique wagnérien, dont je reparlerai plus loin, et qui est la seule de ses œuvres ayant trait