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Jean et Olaf Mausson, qui ont tous deux publié plusieurs ouvrages en latin sous les noms de Giovanni et d’Olao Magno. Ils étaient Suédois, mais avaient étudié à Rome. Jean, l’ainé, avait été rappelé en Suède par Gustave Vasa, qui l’avait nommé archevêque d’Upsal. Mais, lorsque en 1527, Vasa, devenu luthérien, mit la main sur les biens du clergé, Jean s’enfuit en Italie. Il y mourut en 1544, l’année même où il venait de publier son Histoire des Goths et des Suèces, énorme compilation qui mérite, aujourd’hui encore, d’être consultée. Son frère Olao, qui l’avait suivi dans son exil, vécut à Rome jusqu’en 1568, d’une pension que lui faisait le pape. Il a publié en 1539, à Venise, une Tabula terrarum septentrionalium, et à Rome, en 1555, un traité de Gentibus septentrionalibus. C’est apparemment ce dernier ouvrage qui répandit en Italie la connaissance des sujets Scandinaves, car il fut réimprimé un grand nombre de fois à Rome et à Venise, sans parler des éditions qui en furent publiées à Anvers, à Francfort et à Bâle. Dans une lettre écrite de Mantoue en 1586, le Tasse demande à son ami de lui procurer au plus tôt « le livre d’Olao Magno. »


Pendant que M. Carducci s’efforçait de rappeler à ses compatriotes une tragédie oubliée deTorquato Tasso, d’autres érudits essayaient de découvrir des œuvres encore inconnues du poète de la Jérusalem délivrée. Parmi ces écrits nouvellement exhumés et attribués au Tasse, le plus considérable est un dialogue Dei Casi d’Amore, découvert et publié par le P. Paolino Manciana. La découverte a fait grand bruit en Italie ; non pas que le dialogue attribué au Tasse eût une haute valeur littéraire, — il n’en avait proprement aucune, — mais s’il était en vérité du Tasse, plusieurs points de la biographie du poète se trouvaient par là modifiés. Le seul malheur est que ce dialogue n’était pas, ne pouvait pas être du Tasse : c’est ce que vient de démontrer, avec infiniment de clarté et de précision, le plus érudit des commentateurs du poète, M. Angelo Solerti. Aucune des raisons alléguées par le P. Manciana n’avait seulement pour elle la moindre vraisemblance ; et le dialogue en question, œuvre médiocre d’un anonyme, après avoir un moment failli devenir célèbre, ira rejoindre dans l’oubli des centaines de compositions analogues.

Des articles comme celui de M. Solerti, réfutant une attribution, établissant une date, voilà ce qu’il faut chercher dans les revues italiennes ; ou bien encore des morceaux plus étendus d’histoire littéraire, mais toujours se rapportant à des parties accessoires de la littérature nationale, et relevant davantage de la curiosité que de l’art. Tels, par