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sensible s’est produit en 1893, où le total de 595 millions de roubles crédit a été atteint.

De 1889 à 1891 les céréales ont compté pour 50 pour 100 dans le commerce russe d’exportation. La proportion a fléchi à 40 en 1891, mais elle a déjà dépassé de nouveau 50 pour 100 en 1893. L’an dernier, la Russie a vendu des céréales à l’Europe pour 295 millions de roubles crédit, soit 750 millions de francs. Les principaux articles d’importation sont le thé, le coton, la houille et le fer. Les deux premiers mois de 1894 ont accusé une forte expansion du commerce, entrée et sortie. L’empire a vendu pour 92 millions de marchandises (dont 58 millions) de céréales, soit plus de 60 pour 100), et il a acheté pour 48 millions (dont 32 millions de matières premières et 10 d’objets fabriqués). Ces chiffres représentent sur ceux des deux premiers mois de 1893 une augmentation de 41 millions de roubles aux exportations, et de 5 millions aux importations.


VI

Le grand élément de perturbation pour le commerce du monde à l’heure actuelle est l’Amérique anglo-saxonne, cette grande république transatlantique qui gâche comme à plaisir son énorme richesse dans une série d’expérimentations économiques insensées, et qui, en se ruinant, compromet les intérêts des nations européennes avec lesquelles elle trafique habituellement. Il est encore impossible de dire si le bill Wilson sera voté, ou, s’il l’est enfin, quand il commencera à être appliqué. Le commerce américain, déjà si éprouvé par la crise de l’année dernière, est sévèrement atteint par l’incertitude qui se perpétue au sujet du régime douanier : les déplorables conséquences de cet état économique apparaissent à la fois sur le terrain industriel, financier et social. La diminution est considérable dans les opérations des clearings américains et dans les chiffres du commerce extérieur. Les silvermen redoublent l’activité de leurs intrigues, les sorties d’or ne s’arrêtent plus, le mouvement gréviste a repris avec une extrême violence, dans le Colorado, en Pennsylvanie, puis tout récemment à Chicago et en Californie. Le chef obscur d’une association ouvrière a failli transformer un conflit local, un malentendu passager entre un très riche patron et ses trois mille ouvriers, en une insurrection générale du monde des travailleurs aux États-Unis. L’intervention opportune des troupes fédérales a conjuré le péril, mais le problème reste posé, la crise industrielle est aussi intense qu’avant la grève des chemins de fer. La solution