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besoin de démonstrations matérielles. C’est dans des conditions plus mauvaises encore qu’il se prépare au baccalauréat ès sciences, car cette préparation se fait le plus souvent en dehors du lycée ou de tout autre établissement d’instruction. L’élève a étudié dans ses livres et seulement de manière à pouvoir répondre aux questions indiquées au programme. Lorsqu’il a subi avec un très médiocre succès ces épreuves si aléatoires des deux baccalauréats et qu’il entre dans nos facultés, il ne sait en réalité, ni la chimie, ni la physique, ni les sciences naturelles ; mais il croit les savoir, et on l’a tellement fatigué, disons le mot, dégoûté de ces études pourtant si attrayantes, que lorsqu’il arrive dans nos écoles et qu’il retrouve encore dans le programme de la première année les sciences physico-chimiques, il éprouve pour elles une répulsion instinctive.

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« Cette question de l’enseignement des sciences physico-chimiques est une de celles qui compliquent le plus le programme de l’organisation de nos études, parce qu’elle est mal posée et en général mal résolue. Il faut, pour pouvoir comprendre les faits d’ordre chimique et physique qu’étudie la physiologie, pour pouvoir aborder l’étude de ces phénomènes compliqués, avoir une connaissance générale de la chimie et de la physique ; il en est de même en ce qui concerne la médecine, la chirurgie, la thérapeutique et l’hygiène. Si le professeur de physiologie ou de médecine doit faire allusion à la constitution chimique des tissus, aux excrétions et aux réactions dont ils sont le siège, à la réfraction de la lumière dans l’œil, à la production de la chaleur ou du travail musculaire, à l’organisation des animaux ou des plantes, il faut qu’il ait le droit de compter que l’élève sait ce qu’est tel acide ou tel sel, telle ou telle matière albuminoïde, tel principe constitutif, quelles sont les propriétés des lentilles, comment se produisent et se comportent les courans électriques dont il doit démontrer les actions physiologiques ou l’emploi thérapeutique. Cette étude élémentaire doit précéder l’étude des sciences médicales proprement dites.

« Il faut donc nettement poser ce principe : l’élève, avant de commencer l’étude de la médecine, doit posséder la connaissance élémentaire des sciences physico-chimiques et naturelles. Quant aux cours de chimie, de physique et d’histoire naturelle directement appliquées à la thérapeutique et à la pathologie, ils ne peuvent être suivis que conjointement avec les cours de pathologie et de thérapeutique, c’est-à-dire pendant la troisième et la quatrième années d’études. C’est à nos collègues, titulaires de ces chaires, qu’il appartient de faire ces cours indispensables dans une faculté,