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physique, d’un certain outillage de chimie, et de certaines collections d’histoire naturelle, mais pour les expériences du professeur en classe, non pour de sérieux travaux pratiques des élèves. C’eût été partout un matériel à créer à peu près de toutes pièces. Avec l’agrandissement indispensable des locaux, et en mettant les choses au plus bas prix, la dépense n’eût pas été moindre de soixante-mille francs par lycée, soit au total plus de six millions et demi. Et cela, sans parler des collèges communaux.

En troisième lieu, l’insuffisance numérique du personnel, personnel enseignant, personnel auxiliaire. Il n’y a que des éloges à faire des professeurs de physique et d’histoire naturelle des lycées ; mais on ne peut leur demander l’impossible. Or, avec les classes et les programmes actuels, tout leur temps est pris. Il eût donc fallu doubler leur effectif. En se contentant, à la rigueur, d’un seul emploi par lycée, c’était un accroissement de dépenses de près de six cent mille francs. Mais pour un enseignement pratique et expérimental, pour des manipulations quotidiennes, le professeur ne suffit pas ; il a besoin d’auxiliaires : chefs des travaux, préparateurs, garçons. Dans les lycées les plus favorisés, un garçon est mis quelques heures par jour à la disposition du professeur de physique et de chimie ; un préparateur dispose les expériences dont le professeur illustrera sa leçon ; mais, le plus souvent, l’emploi de préparateur est tenu par un maître répétiteur, et nulle part il n’existe de chefs des travaux. C’eût donc été tout un personnel à créer dans chaque établissement ; chef des travaux de physique, chef des travaux de chimie, chef des travaux d’histoire naturelle, préparateurs spéciaux pour chacun de ces ordres de sciences, garçons de manipulations. Avec cent dix lycées, c’était rester en deçà de la vérité que d’évaluer, de ce chef, l’accroissement des dépenses à neuf cent mille francs par an. Joignez aux chiffres précédens deux à trois mille francs de dépenses matérielles par lycée, frais de cours, frais de manipulations de chimie, ajoutez-y un complément de subvention de quatre à cinq cent mille francs au moins pour les collèges communaux, et vous dépasserez sensiblement deux millions. Deux millions par an, pour un millier d’élèves, car sur les douze ou treize mille étudians qui, année moyenne, se font inscrire aux facultés de médecine, il en sort environ deux à trois cents des établissemens libres, c’eût été par élève une dépense brute de deux mille francs par an, et en évaluant à trois cents francs par tête le produit de la rétribution scolaire, une dépense nette de dix-sept cents francs. Avec leur budget de onze millions, leurs recettes de huit millions, et leurs vingt-quatre mille étudians, les facultés ne demandent à l’État que cent vingt-cinq francs par an pour chacun d’eux.