La question de la légitimité ou de l’illégitimité, de l’utilité ou de la nocuité du luxe, est une des plus débattues qui soient. Les moralistes la revendiquent, en général, comme étant de leur seule compétence. C’est une de leurs matières favorites ; ce l’était surtout dans l’antiquité. Le thème est admirable pour la déclamation ; certains écrivains classiques, très austères de langage, plus concilians de mœurs, Salluste et Sénèque, s’y sont complu ; quelques belles pages d’éloquence et de style sont dues sur ce sujet à leur vertueuse indignation.
On ne peut, cependant, abandonner la question du luxe aux seuls professeurs de morale. Les économistes ne s’en doivent pas désintéresser. Il ne s’agit pas là seulement de préceptes et de règles pour la conduite édifiante de la vie, mais aussi de la direction que l’on doit donner, sinon à la production tout entière, du moins à une partie notable de la production, et, d’autre part, de