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lieutenans de Masséna et de Soult pendant les guerres d’Espagne. Reille, vétéran des campagnes d’Italie, divisionnaire de 1807, commandant une division de la garde à Wagram et chargé à la fin de 1812 du commandement en chef de l’armée de Portugal, eut le 2e corps. Gérard, colonel à Austerlitz, brigadier à Iéna, divisionnaire à la Moskowa, un des héros, avec Ney, des combats d’arrière-garde de la retraite de Russie, et le seul officier de son grade qui eût commandé un corps d’armée pendant la campagne de France, reçut le 4e corps. Le 5e corps (plus tard armée du Rhin) fut confié à Rapp, l’homme aux vingt-deux blessures, l’admirable défenseur de Dantzig, divisionnaire de 1805, aide de camp de Napoléon pendant douze ans. Lobau, un des plus habiles manœuvriers de l’armée, divisionnaire de 1807, eut le gouvernement de Paris et le commandement du 6e corps en formation. Charles Lebrun, fils du duc de Plaisance et vaillant général de cavalerie, fut mis provisoirement à la tête du 3e corps. L’Empereur comptait l’y remplacer, quand il en serait temps, « par un général plus habile ! » Au milieu d’avril, il donna ce corps d’armée à Vandamme. Il n’aimait point ce rude soldat, mauvais coucheur s’il en fut ; mais les grandes qualités militaires de Vandamme et son ancienneté de grade (il avait été nommé divisionnaire à 27 ans, en 1799) le désignaient entre tous pour un commandement. Il l’exerça avec une conscience, une fermeté, un zèle incomparables, soigneux de tous les détails d’organisation, d’habillement, d’instruction militaire, prompt à sévir contre les embaucheurs et les alarmistes, ardent à enflammer l’esprit des soldats, des mobilisés et des habitans des Ardennes et de la Meuse. Vandamme mérita cet éloge de Davout : « Vous avez communiqué tout votre feu dans le pays où vous êtes. »

Envoyé à Bordeaux pour y faire reconnaître le gouvernement impérial, Clausel, qui s’était particulièrement distingué en Italie et en Espagne, resta dans cette ville comme gouverneur de la 11e division militaire; il reçut en outre le commandement du corps des Pyrénées Occidentales. Le général Decaen, vétéran des campagnes du Rhin et de la Vendée, et six ans gouverneur de l’île de France et de l’île Bourbon, avait sincèrement voulu conserver Bordeaux au Roi; mais, comme la duchesse d’Angoulême elle-même, il avait dû céder aux événemens. Il revint à Paris, d’où il repartit pour Toulouse à la fin de mai. L’Empereur lui avait confié le commandement des 8e et 10e divisions militaires et du corps des Pyrénées Orientales. Decaen aurait mieux fait de demander une division à l’armée du Nord que d’accepter ce poste à la fois politique et militaire. En raison de sa conduite à Bordeaux,