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après chaque pièce, orné de gravures de Dubouchet fort bien appropriées au texte et d’une composition sévère, ce Corneille est le seul volume classique de cette année, et le premier sans doute d’une nouvelle collection de nos chefs-d’œuvre classiques.

En dépit du choix fait pour la jeunesse d’une partie de ce qu’il y a de meilleur dans le Théâtre de Labiche[1]), l’excentrique et joyeux vaudevilliste est encore loin d’être devenu classique, — telle n’eût pas d’ailleurs été sa prétention, — et la transition est peut-être un peu brusque entre les Horaces et la Grammaire ; mais quand on est monté si haut, on peut bien retomber un moment sur la terre pour jouir du spectacle de ce qui nous entoure. Et le rire de Labiche est si français, si vrai, si comique, d’une satire si franchement gaie, perçant si bien le ridicule de ses flèches d’or jetées sur les travers de la société moderne, qu’il se communique, et le plaisir est doublé quand l’auteur du Voyage de Monsieur Perrichon est présenté aujourd’hui au public, comme il l’était hier à l’Académie, par l’auteur applaudi du Monde où l’on s’ennuie. Avec eux, l’esprit souffle où il veut. Les dessins de M. S. Arcos sont bien ce qui convenait pour les dialogues et les personnages

Tandis que le Tour du Monde, la collection de la maison Pion, contribuaient à développer l’étude de la géographie, le goût des conquêtes lointaines et des colonies se propageait parallèlement; la France sentait que, dans ce partage du Continent noir, elle devait à son tour entrer en ligne, faire valoir ses droits, et elle n’a pas tardé à marcher au premier rang et à affirmer sa suprématie et sa vitalité au dehors.

L’expédition Casimir Maistre[2], est considérée comme l’une des plus importantes, puisque personne avant lui n’avait pu pénétrer dans cette région du Congo par le pays de N’Dris en suivant le Gribingui, le Baguirmi, en traversant le pays des Gaberis, des Lakas, de Lamé, l’Amadaoua, et toute la région comprise entre l’Oubangui, la Bénoué et l’Amadaoua, parcourant ainsi plus de 5 000 kilomètres, et constatant que les deux fleuves du Chari et du Logone, navigables en toute saison, sont les principales voies d’accès vers le Soudan. C’est le récit même dans lequel M. Maistre a retracé les détails de son expédition que vient de publier la maison Hachette en même temps qu’elle réunissait en un volume, sous ce titre : Nos Africains[3], toutes les études d’un des promoteurs les plus actifs de la conquête française du Continent noir, de l’un de ceux qui ont le plus énergiquement prôné la politique coloniale et soutenu la cause des vaillans explorateurs (du continent africain

  1. Théâtre choisi de Labiche, avec préface de M. Edouard Pailleron, 1 vol. in-8o, illustré; Calmann Lévy.
  2. A travers l’Afrique centrale. Du Congo au Niger (1892-1893), par C. Maistre, 1 vol. gr. in-8o; Hachette.
  3. Nos Africains, par Harry Alis, 1 vol. gr. in-8o, illustré avec gravures et cartes Hachette.