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ottomane. Le lien des participations unit de plus en plus ceux qui se livrent au commerce de l’argent ; de sorte qu’il se forme une espèce d’Omnium des valeurs nouvelles, voisines ou éloignées, qui atténuera à la fois les gains et les pertes. Ce sera l’un des résultats de la tendance contemporaine à l’association, que la Banque de Paris a, pour sa part, contribué à développer et qui rend son histoire attachante.


V

L’agitation du capital dans les établissemens de crédit est, comme on vient de le voir, incessante : le mouvement des caisses réunies du Crédit lyonnais, du Comptoir d’escompte, de la Société générale et du Crédit industriel dépasse 55 milliards par an. Les relations avec la clientèle sont en rapport avec une pareille activité. A lui seul, le Crédit lyonnais expédie 4 millions de lettres par an, soit une moyenne de 13 000 correspondances par jour ouvrable.

Cette masse de paiemens et d’encaissemens ne correspond toutefois qu’à un assez petit déplacement de billets de banque et surtout d’espèces d’or et d’argent. A la Banque de France, où les entrées et les sorties atteignent 53 milliards, dans les bureaux de Paris seulement, les billets bleus ne figurent dans le chiffre que pour 15 milliards et le métal jaune et blanc que pour un milliard. Cette proportion de 2 pour 100 est à peu près la même dans les sociétés privées. On se rappelle avec quelle mauvaise humeur l’or fut accueilli par le public lorsqu’en 1893 la Banque, ayant atteint la limite légale d’émission de ses billets, dut effectuer les paiemens en cette monnaie qui parut lourde et encombrante. Les caves de la rue de La Vrillière s’étaient volontairement vidées, en 12 jours, de 145 millions en pièces de 20 francs. Ces pièces, aussitôt qu’une loi eut permis aux billets de sortir en plus grand nombre, revinrent d’elles-mêmes en quelques semaines reprendre leur place dans les coffres.

Nos pères, qui ne connaissaient pas les billets et qui n’avaient souvent que des monnaies défectueuses, dont le transport était onéreux et plein de hasards, prisaient fort les avantages de ces compensations de dettes et de créances que nous pratiquons si couramment aujourd’hui. Ils avaient des foires d’argent temporaires, où les négocians venaient acheter et vendre du papier de commerce. Tels étaient, tous les trimestres, les « paiemens de Lyon ». « Il s’y échange, dit un document officiel de la première moitié du XVIIe siècle, 12 ou 15 millions de livres, » — c’était quelque chose