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jouissent d’une vigueur et d’une résistance peu communes.

« Il n’est aucune famille végétale, dit M. Lucien Linden dans le bel ouvrage qu’il vient de dédier à la mémoire de son père, qui réjouisse aussi longtemps la vue par sa floraison. Il en est, les Cypripediums, qui se conservent en parfaite fraîcheur pendant trois ou quatre mois ; un grand nombre deux mois et plus. On en voit d’autres, les Vanda, les Masdevallia, les Odontoglossum, qui portent des fleurs toute l’année. Il en est qui fleurissent pendant six mois sans interruption. Leur culture est d’ailleurs facile ; c’est une de celles dans lesquelles on obtient le plus de résultats avec peu de science. On a cru longtemps le contraire. Elles supportent de longs voyages entre leur pays d’origine et l’Europe, et restent parfois quatre et même cinq mois privées d’air, de lumière et d’eau. Elles ont résisté dans les premières années d’introduction à des températures trop élevées ; elles ont fait preuve d’une égale résistance au froid ; elles possèdent à tous les égards une vigueur, une vitalité tenace qu’on ne rencontre pas chez toutes les plantes de nos champs. »

En fallait-il davantage pour décider les horticulteurs de profession et les amateurs de plantes rares à créer des jardins d’hiver où elles devaient retrouver la belle lumière des tropiques et une chaleur fécondante ? Assurément non. Nous voudrions pouvoir donner les noms des personnes qui, en France, en Belgique, en Italie, en Angleterre, et dans quelques autres pays d’Europe, y ont consacré leur temps et une grande partie de leurs revenus ; mais la liste en serait trop longue, et nous craindrions d’injustes omissions. A ceux qui, tout simplement, se bornent de nos jours à admirer ces plantes sans rivales par l’étrangeté de leurs formes, la délicatesse de leurs couleurs, les mystères de leur vie aérienne, le parfum pénétrant qui, dans quelques espèces, s’en échappe goutte à goutte, nous dirons : Essayez avec nous de les connaître mieux que vous ne les connaissez ; peut-être qu’en voyant combien il est aisé et peu coûteux d’en élever un certain nombre, vous déciderez-vous à quelque petit sacrifice d’argent, bien vite compensé par une satisfaction d’amour-propre.


I

Il doit être entendu que nous n’avons ici en vue que les Orchidées provenant des régions tropicales de l’Amérique, de l’Asie, de l’Océanie et de l’Afrique, celles, en un mot, qui peuplent nos serres riches. Quant aux Orchidées des climats tempérés, répandues dans les aires de l’Europe, de l’Amérique Septentrionale et des côtes méditerranéennes de l’Asie et de l’Afrique,