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voilà ce que la science doit aux infatigables et persévérans labeurs de M. J. Linden. »

Le nombre d’espèces ou genres nouveaux d’Orchidées dont la découverte lui est due, soit personnellement, soit par des collectionneurs envoyés par lui dans diverses régions du globe, peut être évaluée à douze cents. Impossible de citer ici tous les noms des voyageurs naturalistes qui ont fait monter ce chiffre de douze cents à six mille. Comment s’y sont-ils pris ? En allant chercher les Orchidées dans leur pays natal ; en première ligne dans l’Amérique centrale, au Brésil, aux Indes Orientales, à Bornéo, aux Indes néerlandaises et aux îles Philippines ; puis à Formose, en Australie, Madagascar et la Nouvelle-Guinée. A l’heure actuelle, c’est M. Baron, un révérend, qui fournit à la science les plus beaux spécimens orchidiques de Madagascar ; la guerre que nous allons faire aux Malgaches suspendra forcément ses explorations ; à M. Baron il faut joindre, en Amérique, M. Edouard Rand de Pera, et M. Barbosa Rodriguez, l’éminent directeur du Jardin botanique de Rio-Janeiro, dont l’ouvrage, la Flore brésilienne, consacré aux Orchidées, est actuellement en publication.

Au nombre des régions explorées, nous avons omis de citer une pointe de terre privilégiée entre toutes par la nature, celle du cap de Bonne-Espérance. Les Orchidées terrestres y sont nombreuses et magnifiques, dit un voyageur, M. Plant. « Dans mon opinion, ajoute-t-il, il y en a beaucoup qui sont à peine inférieures aux plus brillantes Épiphytes. Imaginez une plante ayant le caractère général d’un Ophrys, produisant un épi de fleurs aussi grandes et aussi serrées que celles d’un Saccolabium guttatum, long souvent de deux pieds, à fleur d’un saumon vif mêlé de jaune non moins éclatant. Une autre avec un feuillage plissé portant une tête serrée d’une vingtaine de fleurs jaune vif, avec un labelle cucullé marqué d’une large tache carminée, à la manière d’un Dendrobium. Puis c’est une autre avec des feuilles charnues et un épi droit, long de deux pieds, portant de quinze à trente grandes fleurs jaunes, à labelle ligné et tacheté d’un pourpre pâle ayant l’aspect de quelque robuste Epidendrum. » Et à côté de ces merveilles, dans cette Afrique appelée stérile, on trouve encore les Aloës, les Ficoïdes, les Crassules, les Stapeliées, des bruyères aux mille nuances, et toute une ravissante famille d’Iridiées : glaïeuls, ixias, sparaxis, etc.

Pour un grand nombre d’Orchidées, la récolte est facile, car elles abondent dans certaines régions et une courte traversée en mer ne peut leur être nuisible ; mais il en est qui sont loin dans l’intérieur des terres, hors des routes fréquentées, dans des