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LE MOUVEMENT ÉCONOMIQUE

Crise agricole, crise industrielle et commerciale, tels sont les deux principaux chapitres du bilan économique, assez triste, de l’année qui vient de finir. L’une et l’autre sont un legs des trois années qui ont suivi la période d’expansion et d’activité, limitée entre 1888 et 1891. Dirons-nous qu’elles sont proches de leur terme, et que des temps meilleurs s’annoncent? Le pronostic serait imprudent. Un examen attentif des faits économiques, dont le déroulement quotidien se joue des prévisions et des systèmes, n’autorise pas une conclusion aussi téméraire. Toutefois il est permis de croire ou d’espérer que l’agriculture française, après les dures épreuves qu’elle vient de traverser, saura trouver dans un développement résolu et éclairé de ses énergies propres, plus que dans les palliatifs de la législation, le moyen de résister à la poussée concurrente de la production universelle. D’autre part, les causes qui concourent à déprimer l’activité de l’industrie et du commerce sont si multiples et si complexes, qu’après en avoir suivi l’action, aussi loin que possible, dans les méandres de la vie civilisée sur le globe, on n’accueille plus qu’avec une disposition circonspecte et sceptique les explications courantes sur l’état de crise et l’annonce des panacées propres à le guérir.

Les remèdes héroïques de la pharmacopée économique sont à l’heure actuelle le bimétallisme et le protectionnisme. Des vertus que pourrait développer le premier, il est difficile de juger. Le passé n’apprend rien, toutes les conditions étant changées; pour le présent, le remède est inapplicable. Le protectionnisme au contraire est à l’essai presque dans le monde entier. Pays vieux et