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SANCTUAIRES D’ORIENT

II[1]

L’ÉGYPTE ANCIENNE
SON SYMBOLISME ET SA RELIGION


I. — LES PYRAMIDES, MEMPHIS, ABYDOS


Si moderne qu’elle soit, notre âme a deux patries intellectuelles : la Judée et la Grèce. À la première nous devons notre conscience religieuse et morale, à la seconde notre conception de l’art, de la science, et de la philosophie. Mais l’esprit humain ne s’arrête pas dans sa conquête de l’espace et du temps ; à mesure qu’il marche, son horizon s’élargit en arrière comme en avant. Il y a cent ans déjà que l’Occident a vu poindre deux colosses derrière l’Acropole et la montagne de Sion, et ils n’ont fait que grandir d’année en année. Ce fut d’abord la pagode hindoue. Lentement on la vit surgir d’une inextricable forêt vierge de poésie avec ses monstres et ses dieux multiples, ses labyrinthes et ses cryptes, ses ascètes violens, ses danseuses sacrées, ses brahmanes subtils et profonds ; temple gigantesque, grouillant de vie, que couronnait le Bouddha immobile, les mains jointes, les yeux fermés par la puissance de sa méditation, l’âme figée dans son Nirvana. —

  1. Voyez l’Égypte musulmane dans la Revue du 15 novembre 1893.