Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 127.djvu/949

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


REVUE MUSICALE


Théâtre de l'Opéra : La Montagne Noire, drame lyrique en 4 actes ; paroles
et musique de Mme  Augusta Holmès.



Il y a des précédens au cas de Mme  Augusta Holmès, et tous ces précédens sont fâcheux. Il semble que la composition musicale, j'entends la grande composition, ne soit décidément pas besogne féminine. Les femmes ont été souvent en musique de grandes interprètes ; jamais jusqu'ici de grandes créatrices. On peut citer, quand on a de l'érudition, ou qu'on a parcouru seulement les annales de l'Académie de musique, on peut citer quelques auteurs féminins d'opéras tous également infortunés. C'est d'abord, au xviie siècle, une dame de La Guerre, qui avait commencé par être claveciniste de Mme  de Montespan. Elle mit en musique un Céphale et Procris, de Duché, qui fut représenté, non sans insuccès, en 1694. Au commencement du siècle suivant, une demoiselle Barbier écrivait, en collaboration avec un abbé, les poèmes des Fêtes de l’Été, du Jugement de Pâris et des Plaisirs de la campagne. Après cette Mbrettiste, voici des musiciennes encore : Mlle  Duval, dont un ballet en quatre actes et un prologue, les Génies, eut neuf représentations (1736) ; Mlle  Villard de Beaumesnil, avec Tibulle et Délie ou les Saturnales (1784) ; Mme  Devismes, avec Praxitèle ou la Ceinture, joué quatorze fois en 1800. Enfin, le 14 novembre 1836, l'Opéra donnait la Esmeralda, poème de Victor Hugo, musique de Mlle  Louise Bertin. L'œuvre tomba. Elle tomba même de haut, étant donné l'attente, l'espoir que devaient avoir éveillé maintes strophes du