Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 128.djvu/593

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES FINANCES
DE L'EMPIRE D'ALLEMAGNE


I

L’étude des finances allemandes est rendue relativement aisée par l’abondance des documens officiels et aussi par la rapidité avec laquelle ils sont publiés : mais elle est compliquée par la coexistence du budget de l’Empire et de celui des vingt-six États particuliers parmi lesquels la Prusse tient le premier rang. Sur les 50 millions d’habitans que compte l’Allemagne, le royaume, de Hohenzollern en a 30, c’est-à-dire les trois cinquièmes. Chaque Allemand est donc deux fois contribuable : il paie à l’Empire et il paie à l’un des royaumes de Prusse, de Bavière, de Wurtemberg, de Saxe ; — ou à l’un des grands-duchés de Bade, de Hesse, de Mecklembourg-Schwerin, de Saxe-Weinfar ; — ou à l’un des duchés d’Oldenbourg, de Brunswick, de Saxe-Meiningen, de Saxe-Altenbourg, de Saxe-Cobourg-Gotha, de Mecklembourg-Strelitz ; ou à l’une des minuscules principautés qui ont encore conservé une certaine autonomie : Anhalt, Schwarzburg-Sondershausen, Schwarzburg-Rudolstadt, Waldeck, Reuss jeune, Reuss aîné, Schaumburg-Lippe, Lippe ; — ou à l’Alsace-Lorraine, ou à l’une des anciennes villes hanséatiques : Lubeck, Brême, Hambourg.

En principe il y a séparation des sources de revenus, l’Empire s’étant tout d’abord attribué les douanes et les taxes de consommation — c’est-à-dire d’une façon générale ce que nous appelons les impôts indirects — et les États particuliers ayant gardé les impôts directs pour faire face à leurs besoins. Mais l’Empire n’a pas jusqu’à ce jour tiré de ses revenus propres de quoi se suffire