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et de l’amortissement de la dette. Si les recettes et dépenses relatives aux chemins de fer faisaient l’objet d’un compte séparé, on pourrait dire que la Prusse n’a pas de dette, puisque l’extinction des emprunts serait garantie à bref délai par un revenu industriel assuré au Trésor indépendamment de toute contribution de la part des habitans.

Les autres dépenses impériales n’appelleront pas de longues observations. Celles de l’armée sont de 481 millions, auxquels il convient d’ajouter 130 millions de l’extraordinaire : ce total de 611 millions de reichsmarks, soit 766 millions de francs, correspond à un effectif de 584 548 hommes et 96 844 chevaux. Le budget français de la guerre pour 1895 s’élève à 640 millions de francs seulement. La marine allemande reçoit 51 millions à l’ordinaire et 22 à l’extraordinaire ; au total, 73 millions de reichsmarks ou 91 millions de francs, contre 270 millions chez nous. La progression des dépenses maritimes et militaires allemandes a été la suivante : en 1872 le total, tant à l’ordinaire qu’à l’extraordinaire, y compris les pensions, en était de 553 millions : il s’élève aujourd’hui à 732 millions.

Les dépenses du ministère de l’intérieur comprennent 13 millions de reichsmarks pour la part de l’Empire dans les charges résultant, de la loi du 22 juin 1889 sur les assurances contre la maladie et la vieillesse. Celle-ci a été votée le 25 mai 1889. Elle oblige tout travailleur dont le salaire ne dépasse pas 2 000 marks par an à verser une contribution hebdomadaire qui varie de 14 à 30 pfennigs[1] ; le patron apporte un montant égal. Les assurés ont droit à une rente à partir de l’âge de 70 ans, ou lorsque, la maladie ne leur permet plus de gagner le tiers de leur salaire moyen. Le droit à la rente de la vieillesse s’acquiert au bout de trente ans et à la rente en cas de maladie (Invaliden Rente) au bout de cinq ans. La première varie de 106 à 191, la seconde de 114 à 278 marks. L’Empire contribue à chaque rente pour 50 marks. L’assurance obligatoire devant s’étendre à 11 millions d’ouvriers, non compris leurs femmes et leurs enfans, on a calculé que la charge annuelle serait, quand la loi fonctionnerait en plein, de 220 millions, dont l’Etat aurait à fournir à peu près le tiers, c’est-à-dire 75 millions, plus de cinq fois le chiffre inscrit au budget de 1894-95 ; et encore ce calcul admet-il que la population restera stationnaire, alors qu’elle croît rapidement en Allemagne. D’autre part, l’intention du gouvernement n’est pas de se contenter de couvrir les charges annuelles au moyen des ressources courantes du budget ; il veut accumuler peu à peu un fonds de

  1. Le pfennig est le centième du reichsmark et vaut donc un centime et quart.