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fabrication des liqueurs dans lesquelles des parfums violens masquent la saveur désagréable des alcools mauvais goût.

La fabrication de l’alcool de pommes de terre laisse d’importans résidus employés à la nourriture du bétail ; ils portent le nom de drêches. Dans la série d’opérations que subit la pomme de terre pour fournir de l’alcool, un seul de ses élémens, la fécule, est transformée, et elle ne l’est jamais entièrement : l’albumine, la cellulose, persistent et se retrouvent dans les résidus solides des opérations ; mais elles s’y retrouvent diluées dans des quantités d’eau considérables : aussi, dans les distilleries agricoles, les drèches sont-elles distribuées au bétail, liquides et chaudes, à 40 ou 50°. L’hectolitre ne contient guère que 8 kilos de matière sèche ; cette espèce de bouillon convient très bien cependant aux animaux de l’espèce ; bovine et aux porcs. Si la drêche doit être expédiée à quelque distance, il convient de lui enlever une partie de l’eau qu’elle renferme, soit par une simple décantation du liquide qui flotte au-dessus des résidus solides soit par compression de ceux-ci : on obtient ainsi une matière ne renfermant plus que les trois quarts de son poids d’eau, plus chargée par conséquent de matières nutritives que les betteraves fourragères, et en associant les drèches à du foin, à des menues pailles, à des tourteaux, on obtient une excellente ration.

La grosse dépense de toutes les spéculations qui portent sur les animaux est naturellement leur alimentation : si la ration baisse de prix, la vente du lait, des animaux couvre et au-delà les dépenses ; le fumier produit est obtenu en surcroît, et la ferme prospère. On conçoit dès lors quels avantages présentent les industries agricoles annexées aux exploitations rurales. Si je cultive des pommes de terre et que le prix de l’alcool que j’en tire me paie toutes les dépenses afférentes à cette culture, que j’aie les drêches comme bénéfice, je puis nourrir mes animaux à bas prix et par suite réaliser un gain qui m’échapperait si j’étais obligé de faire consommer mes pommes de terre en nature.

C’est bien cependant ainsi qu’elles sont employées habituellement ; elles servent surtout à l’alimentation des porcs. On ne les donne qu’après cuisson à la vapeur ; elles sont mélangées à des eaux grasses, à du petit-lait et, à la fin de l’engraissement, à de la farine d’orge, de seigle, de maïs, dans les pays où ces grains sont abondans : c’est à nourrir les porcs que les États-Unis emploient la plus grande partie de l’énorme quantité de maïs qu’ils récoltent chaque année.

Si on songe que de tous les animaux domestiques le porc est le plus prolifique, le plus aisé à nourrir, celui qui le plus rapidement se résout en viande, en graisse, eu sang, faciles à