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40 francs par hectare, mais, pendant cette année-là, les cultures de Richter’s Imperator traitées laissèrent un bénéfice variant de 113 à 253 francs par hectare, qui aurait disparu si on ne s’était pas préservé de la maladie.

L’emploi des bouillies cuivriques, c’est-à-dire des mélanges de sulfate de cuivre à de la chaux ou du carbonate de soude, se répandit, mais bientôt, cependant, on reconnut que l’adhérence de ces composés aux fouilles n’est que médiocre, et que lorsque après l’épandage à l’aide des pulvérisateurs, survient une pluie un peu vive, les feuilles sont lavées, les sels de cuivre entraînés et le phytophtora recommence ses ravages. C’est pour éviter ces in convenions graves que M. Michel Perret, à qui la fabrication de l’acide sulfurique doit d’importans progrès, et qui s’intéresse à toutes les questions agricoles, imagina de mélanger à la chaux et au sulfate de cuivre une certaine quantité de mélasse poisseuse pour augmenter l’adhérence aux feuilles des sels de cuivre. M. Aimé Girard soumit ces diverses préparations à des pluies artificielles : violentes et courtes comme une pluie d’orage, forte encore, mais plus prolongée, et enfin à une pluie douce mais d’une longue durée ; il chercha ensuite ce qui restait de cuivre sur les feuilles ainsi traitées et reconnut que, si la bouillie cuprocalcaire, dite bouillie bordelaise, est partiellement entraînée mécaniquement, surtout par les pluies d’orage, le mélange dans lequel entre la mélasse résiste absolument aux pluies ordinaires et n’est que faiblement entraîné par les précipitations violentes qui accompagnent les orages. Cette préparation met décidément la pomme de terre à l’abri des ravages de la maladie. Nous croyons savoir que M. Michel Perret a récemment préparé régulièrement le mélange à la mélasse de façon à épargner aux viticulteurs et aux planteurs de pommes de terre les très graves inconvéniens qu’entraîne l’emploi des mélanges mal dosés.

On peut se demander si les composés cuivriques mélangés de chaux n’exercent pas une action fâcheuse sur les feuilles des pommes de terre saines, et si, par suite, l’inconvénient qui résulte de leur emploi dans les années où la maladie ne sévit, pas n’est pas de nature à restreindre les avantages des traitemens préventifs. Les opinions sur ce sujet sont divergentes ; tandis que plusieurs auteurs ont trouvé que le traitement appliqué à des sujets sains, respectés par la maladie, les affaiblissait, tellement que leur récolte était un peu moins abondante que celle de sujets non traités et non atteints, d’autres observateurs ont obtenu un résultat précisément inverse, et ces divergences démontrent que les avantages ou les inconvéniens des traitemens préventifs sont minimes s’il n’y a pas invasion de la maladie, tandis que les