Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 131.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avantages sont énormes si la saison favorise le développement du champignon parasite.


VII

L’agriculture transforme à l’aide des végétaux les matières minérales en matières organiques alimentaires ou industrielles. Quand elle utilise une plante nouvelle, elle augmente ses moyens de transformation, elle perfectionne son outillage ; c’est là ce qui a été réalisé au siècle dernier par l’extension donnée à la culture de la pomme de terre, si longtemps dédaignée, et Parmentier a rendu un service signalé quand, à force de persévérance, il a triomphé des préjugés tenaces qui s’opposaient à la consommation usuelle de cette plante précieuse.

Depuis cette époque les agronomes ne sont pas restés inactifs ; ils ont découvert un traitement efficace pour combattre la maladie qui, naguère encore, ravageait les cultures ; ils ont montré, en outre, qu’en choisissant des variétés prolifiques, on pouvait augmenter les rendemens dans une proportion inespérée.

L’agronome ne doit pas être seulement un chercheur avisé, il faut encore qu’il soit un conseiller écouté ; ses découvertes les plus brillantes ne seront d’aucun profit s’il ne décide pas les cultivateurs à les appliquer. Or, ce n’est malheureusement qu’avec lenteur que la grande armée agricole se met en mouvement, elle ignore les marches rapides : nous savons aujourd’hui, c’est M. Aimé Girard qui nous l’apprend, qu’un hectare de pommes de terre peut fournir de 300 à 400 quintaux de tubercules ; ouvrons encore une fois les statistiques : le rendement moyen en France, en 1893, a été de 77qm,63. L’écart est énorme !

Pour réussir à le combler, il faut agir sur les praticiens, leur nommer les variétés prolifiques à planter, leur indiquer les engrais appropriés à la nature de leur sol, leur faire voir les avantages des traitemens préventifs qui mettent leurs tubercules à l’abri de la maladie, leur enseigner, en un mot, à mieux cultiver que par le passé. C’est là une tâche pénible, qu’on n’accomplira qu’à force de temps et de persévérance, en y revenant sans cesse, sans se laisser rebuter par les sourires railleurs ou les regards effarés, par l’inattention ou l’indifférence.

A son grand honneur, le gouvernement de la République s’est employé avec ardeur à cette rude besogne. L’administration de l’agriculture a très bien vu qu’entre le laboratoire où se font les découvertes et le champ qui doit en profiter, un intermédiaire était nécessaire, et elle a décidé que dans chaque