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mesure une seule et même force, la pression atmosphérique. — Pascal vérifia cette grande découverte, en répétant l’expérience sur une montagne, telle que le Puy de Dôme, et Otto de Guericke l’appliqua à produire le vide, à l’aide de pompes, dans un espace confiné : c’est l’inventeur de la machine pneumatique.

Les idées des physiciens et des philosophes furent aussitôt modifiées par ces grandes découvertes. Au point de vue mécanique entre autres, il en résultait cette conséquence inattendue et surprenante que tous les corps placés sur la terre éprouvent une pression énorme; car elle équivaut au poids d’un kilogramme environ par centimètre carré. De là une multitude d’expériences, instituées pour vérifier l’existence de cette pression et en déduire les conséquences : de là aussi une étude approfondie des diverses machines et procédés propres à produire le vide. Huygens et Boyle, les maîtres de Papin, y ont consacré bien du temps, et Papin, sous leur direction, apprit à les connaître. Il eut l’idée d’en tirer une force motrice, applicable à diverses industries; cette idée, commune d’ailleurs à plus d’un physicien contemporain, le guida dans ses premiers travaux. Il suffit en effet, après avoir fait le vide sous un piston ajusté à l’entrée d’un corps de pompe, de laisser agir la pression atmosphérique, pour disposer d’une action équivalente à celle d’un poids, facile à calculer d’après ce qui précède; ce poids agit pendant un intervalle mesuré par la longueur du corps de pompe. On pouvait ainsi faire monter l’eau ; opération qui préoccupait à la fois les ingénieurs préposés à des mines sans cesse envahies, et les architectes chargés de construire les jardins de Versailles; on pouvait encore mettre en mouvement les moulins, lancer des projectiles, etc. Bref, on était conduit à chercher à remplacer les forces naturelles spontanées, telles que celles des cours d’eau ou du vent, par un agent plus facile à régler.

Il s’agissait donc de découvrir des procédés commodes et économiques pour faire le vide et pour le renouveler, au fur et à mesure, de façon à développer la force motrice d’une manière continue. L’emploi du travail des hommes ou des animaux, pour produire le vide destiné à servir d’agent moteur, constituait une sorte de cercle vicieux; car il était évidemment préférable d’utiliser ce travail directement. Il en est de même des forces hydrauliques, qui furent un moment proposées.

On crut trouver le nouvel agent dans la poudre à canon. L’abbé d’Hautefeuille la proposa; Huygens en étudia l’emploi (1681), et Papin ensuite. Son mémoire : De novo pulveris pyrii usus, publié dans les Acta eruditorum de Leipsick, en septembre 1688, renferme la description d’une machine à faire le vide au moyen