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L'INFLUENZA

À cette époque de l’année, où la nature sème autour de nous les signes avant-coureurs ou déjà confirmés du retour obligé des frimas, la pensée se reporte d’elle-même, avec une secrète anxiété, sur les rigueurs des hivers précédens et, par-dessus tout, sur les néfastes souvenirs du fléau qui les a trop fidèlement escortés depuis cinq ans. Le lecteur reconnaîtra sans doute, à cette soudaine évocation, la perfide et cosmopolite visiteuse si suggestivement dénommée l’influenza. Elle vaut la peine que l’on s’occupe d’elle. Tant de deuils ont jalonné son capricieux passage à travers le monde ; tant de personnes ont chèrement acquis le droit de lui garder rancune ; elle a si fréquemment troublé nos relations sociales et nos services publics qu’aucune question pathologique ne présente peut-être le même degré d’intérêt général et d’inquiétante actualité. En nous occupant d’elle, après tant d’autres plus autorisés, nous avons la certitude que la bonne grâce de nos lecteurs nous aura déjà affranchi de tout soupçon de présomption téméraire, et qu’on ne demandera à ce modeste travail que ce qu’il peut donner, c’est-à-dire un supplément d’observations personnelles et d’aperçus originaux dont nous sommes redevable à la dernière exacerbation épidémique.


I

La grippe, si l’on veut toutefois « l’appeler par son nom », — du moins par son nom français, bien autrement expressif que