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propriétés anti-rhumatismales de ce dernier médicament ne sont, en réalité, que des manifestations directes d’un pouvoir microbicide, journellement éprouvé dans bon nombre de maladies infectieuses de haute gravité, entre autres : la fièvre thyphoïde, la pneumonie, l’érysipèle, la pyohémie. Curative de la maladie confirmée, la quinine, prise à doses fractionnées, au début ou pendant le cours de l’épidémie, paraît également jouer un rôle préventif, attesté par un chiffre respectable de faits individuels. Ce coup droit porté contre le bacille pathogène ne serait toutefois, le plus souvent, ni assez pénétrant ni assez énergique s’il ne recevait, en même temps, le précieux et obligatoire secours des stimulans généraux, chargés de maintenir ou d’augmenter, si possible, la résistance de l’organisme dans sa périlleuse défensive contre l’invasion microbienne. — Les infusions théiformes pures ou additionnées de vieux rhum, — le calé, — l’éther et la caféine, en potions ou en injections selon l’urgence des besoins, la kola, rendront à cet égard de très signalés et, ajoutons, de très agréables services.

En dehors de cette ligne générale de thérapeutique offensive et défensive, le traitement grippal devient exclusivement tributaire de la médication symptomatique. C’est dire quels en doivent être la variabilité individuelle et l’imprévu médicamenteux. Aussi ne nous attarderons-nous pas à en donner une revue détaillée, qui ne saurait même prétendre rappeler des souvenirs toujours présens. Bornons-nous à signaler les heureux effets des révulsifs, — des déplétions sanguines locales, — du benzoate de soude à l’intérieur, contre les manifestations grippales.

La certitude de la contagion de l’influenza devrait, logiquement, imposer une judicieuse série de mesures, destinées à en arrêter l’extension, ou à en prévenir les atteintes. De ces deux données capitales, la première sera de beaucoup la plus difficile à satisfaire. La nécessité et la multiplicité des communications inter et intranationales, dont la rapidité va d’ailleurs toujours croissant, et le nombre illimité des agens propagateurs du contage, rendent à peu près illusoire le moindre espoir d’atténuer ces vices inévitables de la société moderne. Par ces temps de libertés progressives, quel pouvoir serait assez fort pour faire le vide absolu autour d’une ville d’intérieur ? pour interdire ses moyens de communication, et arrêter ses courans commerciaux ? On sait ce que coûte d’efforts, de récriminations et d’argent, l’organisation de ces moyens prohibitifs, dans les cités maritimes ou d’extrême frontière, qui seules en permettent momentanément l’essai, et l’on n’ignore pas ce que valent des résultats si péniblement obtenus.