Page:Revue des Deux Mondes - 1896 - tome 133.djvu/362

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nationalités italiennes. — J’espère que l’Italie n’aura pas besoin de notre concours ; mais que les amis de l’Italie se rassurent, si ce cri de détresse dont je vous parlais tout à l’heure venait à se faire entendre, si les circonstances le rendaient nécessaire et légitime, la France interviendrait à son mode et à son heure. Dans aucun cas, l’Italie ne retombera sous le joug qu’elle a si glorieusement secoué. Dans aucun cas la France ne manquera à cette fraternité pour 20 millions d’hommes, qui a été sa loi dans le passé et qui est son devoir pour l’avenir. »

On avait fini par s’entendre sur un ordre du jour voté à l’unanimité sur la proposition de Drouyn de Lhuys, rapporteur du comité diplomatique, par lequel l’Assemblée nationale invitait la commission exécutive à continuer à prendre pour règle de sa conduite les vœux unanimes de l’Assemblée résumés dans ces mots : « Pacte fraternel avec l’Allemagne ; reconstitution de la Pologne indépendante et libre ; affranchissement de l’Italie (24 mai 1848). » Thiers s’était déjà, en 1847, rallié à la théorie internationale de la démocratie, au nom des politiques d’ambition ; Drouyn de Lhuys y adhérait à son tour au nom des diplomates de métier.

Toutes les manifestations qui se succédaient depuis 1848 étaient formulées en maxime affirmative dans la constitution : « La République respecte les nationalités étrangères comme elle entend faire respecter la sienne, n’entreprend aucune guerre dans des vues de conquête et n’emploie jamais ses forces contre la liberté d’aucun peuple. »

La lutte entre le principe de l’équilibre et celui des nationalités, qui se poursuivait depuis 1815, était close. Le principe des nationalités était officiellement consacré comme la règle des relations internationales. Cette victoire n’était pas l’œuvre exclusive d’un parti. Chacun y avait contribué : Charles X par son secours à la Grèce, Louis-Philippe par son intervention en Belgique, Thiers par ses discours de 1847, Drouyn de Lhuys par son ordre du jour. Il y avait un vainqueur et pas de vaincus. C’est un des cas rares où la France ait été unanime. Le monde moderne parut avoir trouvé son principe nouveau, aussi souriant de promesses pacifiques que l’autre avait été assombri de sanglantes discordes.


VII

Le principe des nationalités venait à peine d’être officiellement proclamé à Paris qu’il était menacé ou vaincu en Europe ou poussé à cet extrême de résolutions et de moyens, présage certain de la chute.