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accroissement soit encore de 250 à 300 millions par an, ce qui correspond à une progression de 10 à 12 millions dans les dépenses annuelles d’intérêts et d’amortissement.

Tandis que les charges du capital suivent ainsi une marche régulièrement ascendante, les recettes brutes, au contraire, ne progressent que fort irrégulièrement, et avec d’amples oscillations. De 1872 à 1879, malgré ces oscillations, la ligne s’écarte peu de la direct ion générale répondant à une progression moyenne de 22 millions par an, soit 2, 5 pour 100, par an, de la recette moyenne pendant cette période. De 1886 à 1894, nous constatons également une progression assez régulière, atteignant en moyenne 20 millions, ou 2, 2 pour 100 de la recette brute, pour chaque année. Mais dans l’intervalle, de 1879 à 1886, nous trouvons d’abord une poussée absolument anormale, suivie d’une dépression non moins exceptionnelle, donnant comme résultat final, entre la première et la dernière année de cette période, une progression moyenne de 13 millions seulement par an, inférieure d’une dizaine de millions à ce qu’elle aurait dû être, d’après la loi générale des deux périodes antérieure et postérieure. De là un retard de 60 à 80 millions sur la progression normale des recettes, qui n’a pas été rattrapé depuis lors.

La courbe des dépenses et celle des recettes nettes présentent à peu près la même marche que celle des recettes brutes, jusque vers 1890. Les augmentations ou les diminutions des dépenses suivent, avec un peu de retard, celles des recettes. C’est qu’en effet, quand une augmentation exceptionnelle de trafic se produit brusquement, on commence par y faire face, tant bien que mal, avec les moyens d’action dont on dispose, par un surcroît d’efforts de tous les agens ; c’est seulement peu à peu que l’on met le personnel, le nombre des trains, etc., en rapport avec les besoins, et que les dépenses suivent la progression des recettes. De même, dans les momens de crise, il faut un certain temps pour effectuer les modifications de service et les réductions de personnel qui permettent de réaliser les économies indispensables.

Jusqu’en 1890, la comparaison des trois courbes n’offre rien d’anormal. Mais de 1890 à 1893, on constate ce phénomène très inquiétant, d’une diminution des recettes nettes coïncidant avec une augmentation des recolles brutes. C’est qu’en effet, dans cette période, l’accroissement des dépenses dépasse de beaucoup celui des recettes, et atteint le chiffre excessif de 27 millions en moyenne par an. De là l’ascension rapide des garanties d’intérêts, qui, se produisant en dehors de toute crise, avait à si juste titre effrayé les pouvoirs publics. Heureusement, ce mouvement ascendant des dépenses a pu être enrayé grâce à un effort énergique des