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les chiffres des statistiques ou des comptes, en les arrondissant généralement, et en passant, autant que possible, à côté des discussions de détail qui ne rentrent pas dans notre sujet.

C’est d’après ces bases que nous allons examiner les charges incombant au budget, 1° comme intérêts de capitaux dépensés par l’Etat, 2° comme garanties d’intérêts aux grandes compagnies, 3° comme garanties aux compagnies secondaires.


I. — INTÉRÊTS DES DÉPENSES D’ÉTABLISSEMENT SUPPORTÉES PAR L’ÉTAT

Les statistiques fixent à 15 437 millions les dépenses d’établissement faites au 1er janvier 1894 sur les lignes d’intérêt général qui ont été exploitées dans le courant de l’année. Ce chiffre ne comprend que les dépenses faites par l’État, les localités, et les compagnies qui existent actuellement. Les travaux exécutés par des compagnies qui ont disparu ne sont portés en compte que pour le prix de rachat payé par les concessionnaires actuels ou par l’Etat ; le surplus des dépenses de ces compagnies a disparu dans les faillites et les liquidations ; il est considéré comme amorti. Il y a là un capital de plusieurs centaines de millions, dont la perte ne doit pas être oubliée, car le caractère aléatoire que l’industrie des chemins de fer présentait au début, pour les capitaux engagés, est précisément ce qui explique et justifie la rémunération élevée reçue aujourd’hui par une partie de ces capitaux.

La statistique officielle divise les dépenses en part contributive de l’Etat, part des localités, part des concessionnaires ; mais elle comprend l’administration des chemins de fer de l’Etat parmi ces derniers. Au point de vue qui nous occupe, nous devons modifier un peu les bases adoptées pour cette répartition. Les dépenses de rachat et d’achèvement des lignes du réseau d’État rentrent dans celles qui ont été faites directement sur fonds du Trésor. Au contraire, les dépenses faites par les compagnies en remboursement de leur ancienne dette ne peuvent, sans double emploi, être confondues dans celles dont les intérêts grèvent directement le budget, puisque les obligations émises pour y faire face sont comprises dans le capital garanti. Ces rectifications faites, on trouve, pour la somme fournie effectivement par l’Etat, un chiffre de 4 363 millions, et pour les subventions locales 179 millions. Avec les travaux en cours sur les lignes en construction, la dépense faite par l’État, pour l’établissement de notre réseau, dépassait 4 milliards et demi au 1er janvier 1894.

La part contributive de l’Etat dans le capital d’établissement prend une importance relative de plus en plus grande, à mesure que l’on construit de plus mauvaises lignes. Elle s’est accrue