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simplement la marche du service, mais d’accroître le produit net, en augmentant les recettes ou en réduisant les dépenses d’exploitation ; ceux-là seraient restés inexécutés, et le compte de garantie y aurait sans doute plus perdu que gagné, sans parler du tort que l’inexécution des améliorations correspondantes aurait causé au public. Ainsi, les 17 millions en question comprennent certaines sommes qui eussent pu continuer à être imputées au compte de garantie, sous le régime des anciennes conventions, d’autres qui fussent restées au compte des actionnaires, d’autres, enfin, qui n’eussent pas été dépensées, mais au grand détriment de la recette nette et du service public.

Le capital dépensé en travaux complémentaires et en matériel roulant sur les cinq réseaux, dans la période décennale, qui a précédé 1894, a atteint 512 millions, pendant que la recette n’augmentait que de 96 millions[1]. Ce chiffre dépasse singulièrement la proportion, admise autrefois, de 3 millions par million d’augmentation de recette brute. La modification s’explique, en partie, par la baisse des tarifs, sur laquelle nous reviendrons plus loin. Par suite de cette baisse, les quantités transportées, comme marchandises et surtout comme voyageurs, ont augmenté bien plus vite que la recette ; or, ce qui exige une augmentation des moyens d’action des compagnies, ce n’est pas l’augmentation de la recette, c’est celle des quantités transportées. D’autre part, l’accroissement moyen des recettes, dans la période que nous envisageons, a été particulièrement lente ; mais les besoins croissans de confort et de sécurité imposent des dépenses en quelque sorte indépendantes du trafic. Ainsi, l’application des freins continus, des enclenchemens et autres mesures de sécurité prescrites par l’administration, depuis 1880, a entraîné, pour les cinq réseaux, une dépense de près de 80 millions, presque entièrement réalisée dans la période que nous envisageons.

Les augmentations des charges du capital garanti, à prévoir dans les prochaines années, sont les suivantes.

D’abord, les 13 millions d’intérêts portés au compte d’exploitation partielle en 1894 viendront successivement, dans les cinq années suivantes, se confondre dans la garantie. De plus, la part des cinq compagnies dans les dépenses à faire, pour l’achèvement complet des concessions de 1883, représente près de 300 millions[2] qui, à 4 pour 100 amortissement compris, entraîneront

  1. Ce chiffre comprend le trafic des lignes neuves ; mais celui de 512 millions comprend aussi le matériel de ces lignes, et il y a compensation.
  2. Ce chiffre comprend les dépenses faites, avant 1894, sur les lignes en construction à cette date, le concours des compagnies pour les lignes non dénommées, et les 51 millions de dépenses prévues dans la convention avec la compagnie de l’Ouest soumise aux Chambres.