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REVUE MUSICALE

THEATRE DE L’OPERA-COMIQUE : la Jacquerie, drame lyrique en quatre actes ; paroles de Mme Simone Arnaud et de M. Edouard Blau, musique d’Edouard Lalo et M. Arthur Coquard. — THEATRE DE L’OPERA : Frédégonde, drame lyrique en cinq actes ; paroles de M. Louis Gallet, musique d’Ernest Guiraud et M. Camille Saint-Saëns.

Il y a plus d’un trait commun entre ces deux opéras. L’un et l’autre d’abord sont posthumes ; en partie, si ce n’est également, M. Coquard ayant écrit trois actes sur quatre de l’œuvre à peine ébauchée par Lalo, tandis que M. Saint-Saëns n’est l’auteur que de deux actes sur cinq de la partition que Guiraud avait écrite plus qu’à demi. De la Jacquerie comme de Frédégonde, le sujet est historique, et médiocre le poème. Enfin de l’un et de l’autre ouvrage, un seul acte est très beau. Cet acte étant le second de la Jacquerie et de Frédégonde le quatrième, il vous est possible, en prenant une voiture à l’heure, d’aller passer à l’Opéra-Comique d’abord, à l’Opéra ensuite, le quart, puis le cinquième d’une bonne soirée. Et vous n’avez qu’à réduire les deux fractions au même dénominateur pour déterminer exactement la quantité de votre plaisir.

Ce n’est pas que le premier acte de la Jacquerie soit à dédaigner. Arrivez assez tôt pour l’entendre.


Il est du sang d’Hector, mais il en est le reste.


Ce reste, ou cette relique, du grand artiste que fut Lalo, mérite nos pieux respects. Dès les premières mesures on retrouve, pâli déjà par la mort prochaine, morte futura, mais reconnaissable encore, le style du Roi d’Ys. Voilà l’opposition, chère au musicien, entre certaines pages serrées, soutenues, et d’autres au contraire tout en accords secs, en brusques secousses, en sursauts haletans. Voici