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il fit toutes sortes de métiers. Enfin le roi Guillaume le plaça en Irlande, où il trouva amplement l’occasion de faire le coup de feu avec ses paroissiens. Si vous voulez la version anglaise, je pourrai vous la faire lire. Mais je voudrais qu’on publiât l’original, qui, étant dans le français du XVIIe siècle, doit valoir beaucoup mieux.

J’ai écrit à lord Stanhope pour tâcher d’avoir l’histoire du Prétendant. Aucun libraire de Londres n’a pu me la procurer. Probablement elle a été publiée par l’auteur pour être donnée. Nous verrons.

Je suis à lire deux livres qui m’intéressent. L’un est une Histoire de Henri IV où il y a des détails très curieux sur l’administration, le gouvernement, les finances, etc. L’auteur a seulement oublié de nous dire quelle sorte d’homme était son héros. L’autre livre est une Histoire de Philippe II par Prescott. Je n’ai pas encore une opinion arrêtée sur Philippe II. Il flotte entre grand homme ou imbécile, grand politique de l’école de Machiavel ou mais très méchant. En Espagne sa mémoire est respectée, et cependant c’est à lui qu’il faut faire remonter toutes les misères de ce pays. J’ai eu souvent de grandes disputes à son sujet avec Mme de Montijo qui l’admirait fort. Je vais tâcher de comprendre cette énigme.

Adieu, madame, je suis très lier de vos complimens et je voudrais bien les mériter.

Veuillez agréer l’expression de tous mes respectueux hommages.

PROSPER MERIMEE.


10 mars 1857, au soir.

Madame,

On me prête ce petit volume ; je vous serai obligé de me le renvoyer quand vous l’aurez lu. Vous pourrez vous dispenser de lire la fin qui vous attristerait trop. Vous verriez comment finissent les dynasties. Homère, qui n’était pas une bête, a dit que le malheur rapetisse les gens. C’est pour cela que je n’écris plus.

J’ai malheureusement disposé d’un de mes billets pour la réception de M. de Falloux. L’autre vous appartient of course, mais il faudra que vous vous pourvoyiez d’un possesseur de billets pour vous conduire à la cérémonie. M de Contencin est un très bon homme qui promet toujours et qui ne peut pas souvent tenir. Je lui recommanderai toutes les églises que vous voudrez. Je les recommanderai aux trois inspecteurs généraux des cultes qui