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commerce pour les marchands ; 5° les consuls des métiers pour ce qu’on appellerait à présent l’industrie.

Et l’on voit bien ici les quartiers et les métiers, les corporations ; et l’on voit, en plus, la milice et le parti guelfe ; ailleurs, on a les quartiers, les métiers et les lignages ; d’un seul mot, on voit le groupe, naturel ou social, mais l’individu, où est-il ? Où est-il, en Angleterre même, où, de bonne heure, la personne humaine a plus de prix ? où est-il, dans cette Florence même de la Renaissance, du moins dans les institutions de cette Florence, d’où bientôt pourtant il va sortir, si merveilleusement et parfois si tragiquement, si horriblement fort ? On ne l’aperçoit pas : le groupe seul se montre, et l’Etat communal, on le répète, est partout fondé sur le groupe.

Ensuite, mais toujours dans le système ancien, quand les États s’agrègent et se centralisent ; quand la royauté, d’une part, et d’autre part, la nation prennent conscience chacune d’elle-même en prenant contact l’une avec l’autre ; quand, en face d’un gouvernement plus entreprenant, plus constant et plus continu, se fait sentir le besoin, s’affirme l’urgence d’une défense et d’un contrôle ; lorsque l’Etat, de local et communal, devient central et national, la représentation, elle aussi, devient centrale et nationale. Mais qu’est-ce que cette représentation ? et qui est représenté ? qui ? ou quoi ? Par l’autre, dans l’Etat communal, c’étaient certaines familles, les quartiers, les métiers ; par celle-ci, dans l’Etat national, ce sont plutôt des classes, presque des castes, et des ordres.

Ce sont, en Angleterre, les lords spirituels et temporels et les communes, c’est-à-dire les cinq ports de mer, les villes, les bourgs, les comtés, les universités. Au Reichstag de l’empire, à la Diète, ce sont les grands-électeurs, les princes, les cinquante et une villes impériales, en leurs deux bans, de la Souabe et du Rhin. Dans les assemblées provinciales, ce sont les états (Stände), le haut clergé, la haute noblesse, la noblesse moyenne, la bourgeoisie des villes ; tout au bas de l’échelle, les paysans, quoique constitués en état distinct (Bauernstand), ne sont pas habituellement représentés. A toute époque, en Allemagne, l’organisation sociale et politique a les états, les ordres, pour armature ou pour charpente : dans la première période, libres, nobles, grands, recommandés, non libres, demi-libres ; dans les deuxième et troisième périodes, libres, princes et seigneurs, échevins héréditaires (Schœffenbaren), chevaliers, paysans libres et non libres ; dans la quatrième période, du XVIe siècle à la fin de l’empire, noblesse, bourgeoisie, paysans ; autant de Stände, d’états, chacun