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Cellibériens. J’y fus mangé jadis par beaucoup d’insectes, mais j’e ne me rappelle pas de tableau ayant appartenu à sainte Thérèse. J’ai connu quelques-uns de ses parens, entre autres le général Alava, qui avait sa robe. On m’a dit qu’il existait des portraits de sainte Thérèse, mais j’e n’en ai jamais vu. Je m’informerai à Madrid de la Vierge et des portraits, mais je ne vous promets pas d’aller à Avila en cette saison. C’est au pied des montagnes, et il doit déjà y faire très froid. Si vous avez quelque chose à me commander à Tolède, j’irai sans doute y faire une visite. Il y avait là un chanoine, le P. Gijon, homme très aimable, qui m’a fait voir plusieurs fois toutes les merveilles de la cathédrale, entre autres les bijoux de la Vierge. Il y a des bracelets en or, perles et émail blanc, donnés par Charles-Quint, qui sont admirables. Je voudrais que nos orfèvres les eussent à leur disposition pour apprendre leur métier. Adieu, madame, pardonnez-moi mes doutes, mes entêtemens et le reste. Je voudrais bien me convertir si vous en aviez plus d’affection pour moi, et si je ne croyais pas qu’avant tout vous estimez la sincérité. Voilà pourquoi je me montre à vous tel que je suis. Croyez au moins que je suis bien sensible à l’intérêt que vous avez pour moi et que j’y pense souvent quand je suis triste, comme à une consolation. Veuillez agréer, madame, l’expression de tous mes respectueux hommages.

PROSPER MERIMEE.

Le château d’Arteagaest en Biscaye, ou plutôt en Guipuzcoa. C’est une des seigneuries de l’Impératrice, qui l’a fait réparer. Je ne sache pas qu’on y ait découvert quelque chose. Je suis allé à Saint-Sauveur l’autre jour et j’y ai reçu une forte perruque pour avoir mal parlé du duc d’Albe et de ses vivacités à l’égard du comte d’Egmont. L’Empereur a un chien des Pyrénées que je voudrais vous faire voir. Il est grand comme un âne. J’ai bien ri des obligations sénatoriales du mari d’Anastasie. Vous avez bien raison de dire qu’il serait précieux à garder dans un coffre pour l’interroger quand on en aurait affaire ; mais c’est que quand il commence il ne finit pas.


Cannes, 27 décembre 1859.

Madame,

Il y a je ne sais combien de jours que je veux vous écrire, mais j’avais pris une de mes grandes résolutions de n’écrire de lettres que lorsque j’aurais fini un article nécrologique dont je ne