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n’ont donc qu’un siècle d’existence, elles sont modernes. Modernes par leur âge, elles le sont plus encore par la fin qu’elles poursuivent, si cette fin est « d’encourager l’industrie et d’augmenter la richesse publique par le développement des arts et des manufactures, de l’agriculture, etc. », toutes choses dont l’Etat moderne se préoccupe plus que ne faisait l’Etat ancien.

Or il est remarquable que la constitution espagnole garde à ces sociétés économiques une place dans la représentation au Sénat ; mais il y a plus : et c’est qu’elles ont également une place réservée dans la représentation à la Chambre des députés. Et non seulement elles, mais « les universités littéraires » ; non seulement les universités, mais « les chambres de commerce, industrielles et agricoles officiellement organisées. » Ainsi, à côté des districts ou circonscriptions territoriales, voici des « collèges spéciaux », des corporations (le mot est dans la loi), voici des circonscriptions sociales.

Il y a une de ces circonscriptions sociales, chaque fois qu’une université littéraire, une Société économique d’Amis du pays, une chambre de commerce, d’industrie ou d’agriculture officiellement organisée compte 5 000 électeurs inscrits ; et, quand une seule corporation ne compte pas les 5 000 électeurs nécessaires, elle se joint, pour constituer un collège électoral, aux autres corporations de même classe ou de même ordre, géographiquement les plus voisines.

Les conditions d’inscription sur les listes de ces corporations ou groupes de corporations sont, d’abord et naturellement, d’être inscrit sur les listes générales, sans mention d’incapacité ou de suspension du vote ; ensuite, d’établir qu’en se faisant inscrire sur ces listes, on a communiqué à la junte municipale l’attestation exigée ; enfin de justifier d’un titre académique ou professionnel, lorsqu’on réclame l’inscription à une université, ou du brevet de membre effectif ou correspondant, lorsqu’il s’agit d’une société économique ou d’une chambre de commerce, d’industrie ou d’agriculture.

Si ce n’est pas tout ce que nous proposons pour arriver à la représentation organique, à la représentation réelle du pays, c’est du moins une partie de ce que nous proposons ; avec la base du suffrage universel, d’où la construction doit s’élever : si ce n’est pas la représentation professionnelle achevée, ni la représentation organique, c’en est du moins un commencement. Et personne ne soutiendra qu’il n’engage pas à y persévérer et à le perfectionner, — en dépit de mœurs électorales longtemps détestables et qui sont encore mauvaises, — puisque dans les Chambres espagnoles, quelles que soient les inévitables querelles d’intérêt ou