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Humbert (Mme P. S… et Mlle Héglon, deux Parisiennes, d’un monde différent, toutes deux vivantes, souriantes, charmantes, peintes avec une aisance de pinceau bien française et bien rare), M. Jules Lefebvre (Mlle C… une jeune fille rose et fraîche, en robe blanche et fraîche, d’une grâce ingénue en sa tenue discrète), M. Benjamin-Constant, M. Vollon fils, M. de Quinsac, avec des dames en pied, aux toilettes éclatantes, d’une exécution forte ou brillante, M. Paul Dubois (la Vicomtesse de M…, et Mme J. C…, deux études psychologiques autant que pittoresques, dignes des précédentes), M. Chartran (Mme Sarah Bernhardt dans « Gismonda »), M. Ernest Hébert (une dame brune, décolletée en buste), puis, avec de savoureuses peintures, à mi-corps ou en buste, MM. Franzini d’Issoncourt, Gabriel Ferrier, Machart, Comerre, L. Glaize, Aviat, etc.. auxquels se joignent nombre d’artistes féminins, Mmes ou Mlles Fontaine, Delorme, Houssay, Leudet, etc.. C’est, d’autre part, parmi les Français, MM. Carolus-Duran, Aman-Jean, Courtois, Edmond Sain, Prouvé, etc., et, parmi les étrangers, MM. Charles Giron, Humphreys Johnston, Boldini, etc.

Il n’y a plus guère aujourd’hui, Dieu merci ! de spécialistes en peinture. Les bons portraitistes, à leurs heures, sont de bons paysagistes, et vice versa. Quant aux peintres de figures rustiques ou mondaines, de scènes familières ou mondaines, c’est pour eux le premier devoir de savoir analyser une physionomie et d’entourer leurs personnages d’un décor extérieur ou intérieur qui s’adapte à leur caractère et exalte ou affine leur expression. Les uns sont plus figuristes, les autres plus paysagistes ou plus décorateurs, et, suivant leur tempérament, c’est l’action ou c’est le théâtre qui domine dans leurs œuvres ; il suffit que le théâtre et l’action soient bien faits l’un pour l’autre. M. Duvent, par exemple, aurait été déjà remarqué pour la belle disposition et la juste coloration de son intérieur d’église bretonne, à vitraux peints, lors même qu’il n’eût pas accentué le recueillement du lieu par la présence de pieux paysans à genoux qui chantent : Le Seigneur soit avec nous ! Les figures ajoutées sont très bonnes, simples, à leur place ; l’expression de l’œuvre s’en trouve doublée et exaltée, puisque la poésie humaine s’ajoute à la poésie architecturale. Même animation heureuse de l’intérieur simple et de la lumière discrète dans le Pour la procession (des fillettes habillées par des religieuses) de M. Boquet. Chez M. Lomon, très habile vernisseur de lambris éclatans, la boiserie, trop dominante, commence à écraser la Femme à sa toilette. Pour ces jeux de lumière dans les intérieurs, sur les étoffes et sur les visages, MM. Bréauté, Paul Thomas,