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jours par an est de droit) ; ils ne devront entreprendre aucun travail particulier à l’intérieur ni à l’extérieur du village, ni acheter ou vendre quoi que ce soit, sans avoir reçu l’autorisation des trustees. Si l’assemblée générale décide que tout ou partie des gains des villageois, qu’ils aient été faits au sein de la communauté ou en dehors, doit être versée au fonds commun, ils sont tenus d’obéir. Les effets personnels de chacun d’eux, mobilier, vêtemens, livres, ustensiles déménage, restent leur propriété particulière, mais tous leurs outils et instrumens de production passent à l’association ; ils sont simples usagers du terrain qui leur a été alloué pour y habiter, et ne doivent pas en être considérés comme propriétaires ni même fermiers.

L’association est chargée de l’entretien des villageois : les trustees déterminent le nombre de coupons alloués à chacun d’eux suivant le nombre, le sexe et l’Age des membres de sa famille ; ils seront touchés tous les vendredis par les intéressés, qui recevront en échange, dans les magasins de l’association, des provisions de bouche et des vêtemens. Ces coupons leur assureront aussi des secours médicaux.

La dissolution de l’association pourra être prononcée par l’assemblée générale, à la condition que toutes les avances faites par l’Etat et les autres dettes, s’il y a lieu, aient été remboursées ; les terres pourront alors être partagées entre les membres.

Bien que les treize associations de village qui se sont organisées n’eussent pas plus de quinze à dix-huit mois d’existence au moment de l’enquête parlementaire d’octobre 1895, celle-ci a provoqué des révélations fort intéressantes sur les résultats de ces expériences communistes. Un fait en ressort d’abord très nettement : le déplorable état des finances de toutes les associations ; elles doivent à l’Etat, à des marchands, à tout le monde. Le maximum de 1250 francs par membre, avancé par l’Etat, est largement dépassé ; un seul des villages ne demande pas de nouvelles avances, mais se déclare dans l’impossibilité de commencer les remboursemens à l’époque prévue par la loi ; les dettes de la plus obérée des treize communautés atteignent 128 livres sterling (3 200 francs) par tête. Les supplémens d’avances demandés varient de 1 250 à 2 500 francs par villageois ; sans quoi, disent les témoins, nous serons obligés d’abandonner notre œuvre. Deux ou trois associations espèrent pouvoir s’en tirer, même si on leur refuse les avances nouvelles qu’elles réclament ; mais les termes dont se servent leurs membres, drag through, struggle through, indiquent que ce ne sera point sans grande peine.