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effet, l’offre de la couronne impériale était subordonnée à l’acceptation de la constitution, et le roi non seulement ne l’acceptait pas, mais il la rejeta et fit déclarer par son ministre Brandenbourg à la Chambre prussienne qu’il ne l’accepterait jamais, jamais, jamais !

Le Parlement de Francfort mourut de ce « non » prussien. Furieuse du refus royal, l’insurrection démagogique éclate à Bade, à Dresde, dans le Palatinat bavarois ; à Berlin la Chambre vote la validité légale de la constitution de Francfort. Mais le roi n’en était plus aux effaremens de mars 1848 ; la Chambre est dissoute (27 avril 1849) ; une ordonnance royale réforme le système électoral, une majorité gouvernementale est élue ; les troupes prussiennes réduisent l’insurrection de Dresde ; sous la conduite du prince de Prusse, elles marchent contre celle de Bade. A leur approche les députés de Francfort s’enfuient vers Stuttgard, où la constitution venait d’être reçue à une voix de majorité. Ils n’y restent pas longtemps paisibles. La police les disperse, et ainsi disparaît misérablement cette Assemblée composée de la fleur du génie allemand et qui avait un instant donné de si glorieuses espérances (mai-juin 1849). Alors tout fut fini en Allemagne.

En Autriche, le dénouement tarda un peu plus, grâce à l’héroïsme de la résistance des Hongrois.

Pour en venir à bout, l’empereur François-Joseph dut recourir à l’intervention de la Russie. Justement Nicolas achevait de régler de concert avec la Porte, par la convention de Balta-Limann, la situation des Principautés. L’occupation mixte russo-ottomane devait s’y prolonger jusqu’à la consolidation définitive de l’ordre ; le droit reconnu par le traité d’Andrinople à la nation roumaine d’élire ses princes à vie lui était retiré ; elle serait régie par des hospodars nommés par la Porte pour sept ans. Libre de ce côté, Nicolas accueillit la demande du jeune empereur d’Autriche, un peu par bonté, beaucoup par haine de l’intervention des Polonais dans l’armée hongroise, encore plus parce qu’il considérait l’intégrité de l’Autriche comme intéressant son empire et surtout parce qu’il trouvait enfin l’occasion d’abattre une révolte. Les troupes russes noyèrent les Hongrois sous le nombre, et Gœrgey capitula à Villagos.

Le service rendu était tel qu’il eût constitué l’Autriche en perpétuel vasselage, si, dès lors, selon la parole de Schwarzemberg, elle n’eût pas été décidée à « étonner le monde par son ingratitude. » En attendant, tout était fini en Autriche comme en Prusse.

Le Président n’intervint d’aucune façon dans les affaires allemandes. En Danemark, il seconda les efforts de l’Angleterre en faveur de l’indépendance de la nation danoise et de la stipulation d’un armistice. En Hongrie, il essaya d’arrêter par des