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l’Afrique de l’Est, de la Compagnie Britannique de l’Afrique du Sud, de la Compagnie du Nord de Bornéo : les Anglais n’ont pas hésité à recourir de nouveau aux compagnies à charte, si propres à étendre sans grands frais l’influence d’une nation, à mettre un peu d’ordre dans les pays neufs, à leur donner un premier degré de développement commercial. Sans se laisser arrêter, comme on l’a fait en France, par les préventions de légistes étroits et des discussions byzantines sur la délégation de la souveraineté, ils ont reconnu à ces compagnies des droits régaliens, et ont ainsi reconstitué, à la fin du XIXe siècle, ces précieux instrumens qui ont si bien servi au XVIIe et au XVIIIe siècle les divers peuples européens : au même besoin ils ont compris qu’il fallait le même organe.

Les autres possessions britanniques sont des « colonies » ou du moins dépendent du ministère des Colonies : elles sont au nombre de quarante-deux, qu’on peut diviser en quatre classes, d’après le Colonial Office list pour 1895 : six d’entre elles n’ont aucune assemblée délibérante, et le pouvoir législatif y appartient au gouverneur nommé par la Couronne[1] ; seize ont un « conseil législatif » nommé entièrement par la Couronne[2] ; dans neuf, une partie des membres du conseil législatif est choisie par des corps électoraux, le plus souvent assez restreints[3]. Enfin les onze colonies restantes jouissent du self-government complet ; elles ont un organisme parlementaire tout semblable à celui de l’Angleterre : deux Chambres, dont l’une est élue, en général, au suffrage universel, un ministère responsable, un gouverneur représentant la reine sans avoir plus de pouvoirs qu’elle. La Grande-Bretagne n’intervient jamais dans leurs affaires intérieures. Si ces possessions ont été jugées dignes de s’administrer ainsi elles-mêmes, c’est que la population d’origine européenne y est nombreuse ; dans neuf d’entre elles, le Canada, Terre-Neuve et les sept colonies australasiennes, l’élément indigène est négligeable ; dans les deux autres, le Cap et surtout Natal, il conserve

  1. Ces six colonies sont : Gibraltar, Sainte-Hélène, l’île Labouan au nord-ouest de Bornéo, et trois territoires sud-africains, le Basoutoland, le Bechuanaland britannique (ce dernier annexé depuis quelques mois à la colonie du Cap), et le Zoulouland.
  2. Les colonies appartenant à cette seconde catégorie sont : la Nouvelle-Guinée, Ceylan, les îles Falkland, Fidji, les Seychelles, Hongkong, les colonies de la côte ouest d’Afrique, la plupart des Antilles et le Honduras britannique.
  3. Malte, la Guyane anglaise, l’île Maurice, les îles Bahamas, les îles Bermudes ; la Jamaïque, la Barbade, les îles Sous-le-Vent (Antilles).