Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 139.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fréquemment et vivement discuté en Angleterre. Si l’idée n’est pas assez mûre pour que le parlement s’en occupe, elle a pris une place suffisamment importante dans l’attention du public pour que les principaux hommes d’Etat y fassent de fréquentes allusions dans des discours prononcés en dehors de l’enceinte du palais de Westminster : « Il est, à mon sens, impossible, disait en 1888 Lord Rosebery à Leeds, de maintenir telles quelles pendant longtemps les relations lâches et imparfaites qui existent actuellement entre l’Angleterre et ses colonies et de conserver en même temps ces colonies comme partie intégrante de l’empire. Sur le terrain des intérêts commerciaux, la question est digne d’être considérée par nos grandes communautés commerciales. » Trois ans plus tard, en 1891, lord Salisbury, alors premier ministre, déclarait, en réponse à une députation de l’Imperial Federation League que la question des rapports plus étroits à établir entre la mère patrie et ses colonies n’était « ni plus ni moins que l’avenir de l’Empire britannique ».

L’association devant laquelle il s’exprimait ainsi, et qui avait beaucoup fait pour répandre l’idée de fédération, cessa d’exister en 1894, à la suite, paraît-il, de mésintelligences économiques entre ses chefs ; mais elle fut bientôt remplacée par la Ligue de l’Empire britannique : British Empire League. Enfin, depuis son avènement au ministère des Colonies en juillet 1895, M. Joseph Chamberlain n’a pas négligé une occasion de proclamer qu’il y a urgence à resserrer les liens qui unissent entre elles les diverses parties de l’empire. Il y a un an à peine, au mois de novembre 1895, il déclarait dans un toast[1] que les colonies et la métropole ont « une origine commune, une littérature commune, un amour commun de la liberté et de la loi, des principes communs à affirmer, des intérêts communs à préserver. » Plus récemment encore, dans un discours prononcé au Congrès des Chambres de commerce de l’Empire britannique dont il était le président d’honneur, M. Chamberlain s’exprimait ainsi : « Insensiblement, les liens entre nous (Anglais et coloniaux) se fortifient et se multiplient. Depuis longtemps, vous, messieurs, qui venez des colonies, vous avez été l’objet de nos pensées ; aujourd’hui nous vous voyons. Vos demandes, vos désirs, les ressources de vos divers pays, votre état politique, tout cela nous est aussi

  1. Au banquet donné le 6 novembre 1895 par l’agent général de la colonie de Natal en l’honneur de l’achèvement du chemin de fer de Natal au Transvaal.