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Les boues calcaires provenant des carbonatations sont imprégnées de jus sucré, qu’il faut en extraire. On y réussit à l’aide d’appareils spéciaux nommés filtres-presses. Ce sont des sortes de sacs en toile, maintenus rigides par des tôles percées de trous ; on y fait arriver les boues calcaires sous pression, les liquides filtrent au travers des toiles, tandis que le carbonate de chaux forme contre les parois des gâteaux qui portent le nom d’écumes de défécation.

Que les liquides proviennent des bacs de seconde carbonatation ou des filtres-presses, ils renferment du sucre dilué dans une énorme quantité d’eau qu’il faut évaporer. On a renoncé depuis longtemps à l’évaporation à l’air libre et à feu nu ; le sucre est une matière délicate qui s’altère aussitôt que la température s’élève. Pour éviter cette élévation de température, on évapore à basse pression en utilisant la vapeur comme source de chaleur. Tout le monde sait qu’un liquide bout à une température d’autant plus basse que la pression qu’il supporte est plus faible ; si on fait le vide au-dessus d’une couche d’eau tiède, on la voit entrer en ébullition. On sait encore que, lorsque de la vapeur d’eau se condense à l’état liquide, elle abandonne la très grande quantité de chaleur qui a servi à la volatiliser et que c’est par suite un excellent moyen d’échauffer un liquide que d’y envoyer un courant de vapeur.

Ces connaissances ont été utilisées de la façon la plus ingénieuse dans les appareils d’évaporation des jus sucrés ; ils passent d’abord dans les chaudières à triple effet, avant d’arriver à la chaudière à cuire.

Trois grandes chaudières métalliques, assez résistantes pour ne pas s’écraser sous l’effort de la pression atmosphérique quand on y fait le vide, sont disposées à côté les unes des autres ; elles ont fréquemment 3 mètres de haut et de 1m, 25 à 1m, 50 de diamètre horizontal. Au tiers inférieur de leur hauteur, elles portent une plaque de bronze qui est liée à une autre plaque toute semblable placée à un mètre au-dessous, par une série de tubes verticaux, de telle sorte que les liquides passent de la partie supérieure au bas de la chaudière sans entraves.

L’espace que laissent entre eux ces nombreux tubes est désigné sous le nom de chambres de chauffe ; on y fait arriver de la vapeur d’eau qui, agissant sur l’énorme surface que lui offrent les tubes, échauffe le liquide sucré jusqu’à 93 degrés, température