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que la gomme, les sels qui existent dans la mélasse le sont plus que le sucre lui-même, et en s’appuyant sur cette notion, on conçoit, sans qu’il soit nécessaire d’entrer dans la description détaillée des appareils, que si l’on fait passer lentement un courant de mélasse sur l’une des faces d’un papier parchemin dont l’autre face est baignée par de l’eau pure, cette eau se chargera de plus de sels que de sucre et que la mélasse, ayant perdu une fraction importante des sels et des matières organiques non colloïdales qui entravaient la cristallisation du sucre, pourra, après avoir été ainsi osmosée, fournir, à l’évaporation, des cristaux de sucre.

On se rappelle qu’on purifie les jus sucrés sortant des appareils à diffusion à l’aide d’un lait de chaux, qui est ensuite précipité par un courant d’acide carbonique, et que les boues calcaires provenant de cette précipitation passent aux filtres-presses, pour y perdre le jus sucré qu’elles avaient entraîné. Ces écumes de défécation sont employées comme amendement avec grand avantage dans les terres fortes ; leur analyse décèle de petites quantités de matières azotées précipitées par la chaux, de l’acide phosphorique ; mais ce n’est pas seulement à ces faibles proportions de matières fertilisantes qu’est due la valeur des écumes, c’est surtout au carbonate de chaux très divisé qui en forme la masse presque entière.

Les terres fortes sont peu perméables à l’eau, on les cultive en bilions, on ménage à l’eau qui ne s’infiltre que difficilement un écoulement superficiel en y traçant des rigoles ; la cause de cette imperméabilité est due à l’argile abondante dans les terres fortes qui se délaie facilement dans l’eau, est entraînée dans les petits interstices de la terre, s’y dépose et forme une sorte de boue imperméable ; la terre reste gorgée d’eau, tous les phénomènes d’oxydation cessent de s’y produire, les racines des plantes ne sont plus aérées convenablement, tous les travaux sont retardés ; la culture devient très difficile. Or, cette argile cesse de se délayer, d’être entraînée par l’eau, quand celle-ci est légèrement chargée d’un sel de chaux.

Parmi les influences heureuses qu’exercent le chaulage ou le marnage des terres, la coagulation de l’argile, en assurant la perméabilité de la terre, est une des plus importantes. Si l’on dispose dans les entonnoirs deux lots de la même terre argileuse, mais que l’un seulement ait reçu d’abord une petite quantité de chaux, on voit l’eau qu’on y ajoute filtrer aisément, tandis qu’elle