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mouvement de fermentation ; la petite quantité de sucre qu’elles renferment encore se détruit et forme l’acide butyrique, l’acide du beurre rance, dont l’odeur singulièrement forte, nauséabonde, ne paraît pas déplaire au bétail. Il faut se garder cependant d’alimenter à la pulpe les vaches laitières, elles ne donneraient qu’un lait de mauvaise qualité.

Il arrive parfois que quelques-uns des fermons qui pullulent dans les pulpes sont nocifs ; ce sont surtout les parties inférieures des pulpes conservées dans des silos maçonnés qui ont occasionné des accidens ; on s’en gare par une addition de sel ordinaire et surtout en assurant l’écoulement des liquides qui suintent de la masse ensilée.

On convient généralement que les cultivateurs fournisseurs de betteraves recevront en pulpes le tiers du poids des racines livrées ; le prix de ces pulpes est d’environ 5 francs la tonne.

C’est grâce aux résidus de ses fabriques de sucre et d’alcool que l’Allemagne a pu, depuis plusieurs années, augmenter considérablement son bétail : le nombre de ses bêtes à cornes a passé de 15 millions à 17, entre 1883 et 1893 ; ses porcs, de 9 millions à 12 ; le nombre de ses moutons a diminué, il est vrai, mais c’est le propre d’une agriculture en progrès de remplacer les moutons, qui exigent de grands parcours, par les espèces bovine ou porcine, qui vivent en stabulation.


V. — PRODUCTION DU SUCRE DANS LE MONDE. — LUTTE DE LA CANNE ET DE LA BETTERAVE. — BAISSE DES PRIX. — SITUATION PRÉCAIRE DE L’INDUSTRIE SUCRIÈRE.

Il y a une dizaine d’années, la quantité de sucre produite dans le monde ne dépassait pas 5 millions de tonnes extraites en quantités à peu près égales de la canne et de la betterave ; depuis cette époque, la fabrication s’est considérablement accrue. On estime qu’en 1894-1895, elle a atteint 7 800 000 tonnes environ pour retomber à 6 700 000 en 1895-1896[1]. La part de la betterave est devenue beaucoup plus forte depuis que la guerre qui désole Cuba y a fait tomber la production de 1 million de tonnes à 200 000. Malgré ce gros déficit, l’Amérique apporte encore sur le marché une quantité de sucre considérable ; pendant la

  1. Tous les chiffres relatifs à la production du sucre extrait des cannes ne sont qu’approximatifs ; les relevés varient d’un auteur à l’autre.