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nous mentionnons le finlandais 3 et demi pour 100. On sait que ce grand-duché, bien que faisant partie de l’empire russe, a une monnaie et des finances autonomes. Son budget est excellent et ses fonds en grande faveur auprès de nos capitalistes.

Parallèlement à ce mouvement, s’en produisait un autre en sens inverse sur les fonds italiens. A l’origine du jeune royaume, lorsque nos armes victorieuses eurent mis la maison de Savoie à la tête de la péninsule, nous ne nous contentâmes point d’avoir versé notre sang pour lui. Nous lui ouvrîmes notre bourse toute grande ; la majeure partie de la dette italienne 5 pour 100 fut absorbée en France, où se placèrent en outre des titres comme ceux des chemins de fer romains et méridionaux, des tabacs, des obligations de villes et autres. Nous avons été les commanditaires de l’Italie après avoir été ses fondateurs. Ce mouvement se prolongea jusqu’après 1870 : il était de mode que chaque portefeuille un peu important en rente française fît une place proportionnelle à la rente italienne. Plusieurs milliards de cette dette avaient alors passé les Alpes. Mais depuis l’accession de l’Italie à la triple alliance, les rentiers français, sans s’être donné le mot, se sont défait d’une bonne partie de ces titres et ont employé le produit de ces réalisations à l’achat de fonds russes. Pendant que ceux-ci ne cessaient de s’élever, la rente italienne, cotée un moment au-dessus du pair, et qui par suite de réductions arbitraires imposées par le gouvernement, sous forme d’impôts, était devenue un 4 pour 100 au lieu d’un 5 pour 100 promis à l’origine, tomba au-dessous de 75. Ce n’est que tout récemment depuis la chute de M. Crispi et l’adoption, en apparence du moins, d’une politique moins hostile à notre égard, qu’elle s’est relevée aux environs de 90 pour 100 : on voit combien nous avions raison de dire que l’histoire politique est inséparable de l’histoire financière. La difficulté que les Italiens ont soudainement éprouvée à emprunter au dehors, l’obligation où ils se sont trouvés de racheter les titres de rente offerts par nos capitalistes, la détérioration de leur change qui en est résultée, ont singulièrement affaibli leur situation économique et les ont forcés à abandonner les idées agressives que certains de leurs ministres ont caressées pendant trop longtemps. Ils n’ont pas trouvé sur les marchés de Berlin et de Francfort un appui équivalent à celui qu’ils avaient perdu chez nous. Ils sont devenus sages par nécessité. On ne saurait guère évaluer à plus d’un