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LE MINISTÈRE DE HARDENBERG

LA RÉFORME AGRAIRE
ET LA RÉFORME ADMINISTRATIVE (1811-1812)

L’œuvre financière de Hardenberg[1] donnait peu de satisfactions à l’esprit démocratique. Elle n’eut pas non plus d’originalité, puisqu’il se borna tout d’abord à emprunter l’appareil fiscal du royaume de Westphalie et de la législation française. C’était déjà beaucoup que ces lois fiscales remplissent l’objet pratique en vue duquel elles étaient faites et créassent à la Prusse les ressources dont elle avait besoin.

Il semble bien qu’à ce point de vue tout au moins on n’ait pas rendu justice à Hardenberg. Doubler presque les revenus d’un Etat misérable, épuisé par une guerre désastreuse et par un bouleversement de plusieurs années, d’un État qui venait de supprimer, pour un temps, le paiement des appointemens et des intérêts de la dette publique, où l’on avait dû suspendre l’exigibilité des dettes privées[2], ce n’était point une tâche aisée.

C’est grâce aux mesures financières du chancelier que la Prusse vécut de 1810 à 1813. Ce n’est même pas dire assez. La guerre d’indépendance est due sans doute aux grands courans moraux qui l’ont préparée; mais elle est due aussi à ce que la

  1. Voyez la Revue du 1er mars 1894 et du 15 janvier 1895.
  2. Warschauer, Zur Geschichte der Staats-anleihen in Preussen von-1786-1870.