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souffert pourtant depuis la suppression des traités de commerce; nos anciens cliens de l’Amérique du Sud sont approvisionnés par l’Angleterre ou les États-Unis. Ces derniers fabriquent annuellement 150 millions de rouleaux, quatre fois plus que la France. Anglais et Américains collent, il est vrai, du papier peint sur les plafonds, et, sur les murs, jusqu’à la plinthe, tout contre le parquet, tandis que les architectes français ne le font pas descendre plus bas que la cimaise. De là, dans notre pays, une surface moitié moindre à couvrir.

Sur les marchés du monde apparaît un concurrent nouveau : le Japon. Les premiers papiers-cuirs importés par les sujets du mikado en Europe étaient si distinctement japonais, qu’il ne se trouvait pas de pièces où l’on pût les assortir aux objets environnans; leur rôle était donc très limité. Ce caractère a depuis quelques années, sous l’influence de l’Occident, subi des modifications très grandes; un choix de modèles européens a été imposé aux usines de l’empire du Soleil Levant, dont les motifs sont devenus applicables à tous les genres de décoration. Des losanges sans patrie et des quadrillés dénués d’ambition ont remplacé les dessins fantaisistes d’autrefois, brins d’herbe étudiés, chrysanthèmes ou lotus, poissons nageant dans les eaux cristallines où les arbres et les montagnes se reflétaient sens dessus dessous.

Cette révolution si rapide ne laisse pas d’inquiéter là-bas les partisans de l’art national. Il s’est formé une société, dite de « Vieux Japonais », en vue de lutter pour sa conservation. Qui eût pu croire, il y a trente ans, que cet Orient immobile en viendrait sitôt à soigner comme des reliques ses mœurs et son génie, menacés d’être relégués dans les vitrines.


IV

Un autre ornement qui, dans la maison moderne, a passé de la catégorie fastueuse en celle des objets de première nécessité, ce sont les glaces. En remontant un peu le cours des âges on y pourrait aussi ranger les vitres des fenêtres. Une métairie possédant des croisées de verre est citée avec honneur il y a deux cents ans; c’est la seule en son genre dans tout le canton. Au XVe siècle il n’est que l’église ou le château à posséder des vitraux blancs ou colorés; la différence entre ces deux sortes n’était pas énorme, le travail du peintre n’avait pas grande valeur. Ce qui coûtait