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marchande dans un état stationnaire. En 1881, elle comptait, en navires à vapeur et à voiles, un total de 15 058 navires jaugeant 919 298 tonneaux ; dix ans plus tard, les chiffres correspondans étaient 15 278 navires jaugeant 905 606 tonneaux. L’unique point satisfaisant est que le nombre des unités de grande capacité s’était accru. En 1881, nous n’avions que 206 navires de plus de 700 tonneaux, avec un tonnage total de 246 000 ; en 1892 nous possédions 321 bâtimens de plus de 700 tonneaux et d’un tonnage total de 465 000. La jauge moyenne par unité de navire avait passé de 1 194 à 1 450, résultat heureux puisque les frais de la navigation décroissent proportionnellement avec la capacité de transport, et qu’un certain taux de fret peut être encore rémunérateur avec de grands navires et ne l’être plus pour de petits bâtimens.

On aurait donc à constater un gain positif, s’il ne fallait tenir compte du fait que nos plus grands navires de commerce appartiennent à des compagnies dotées de subventions spéciales pour les services postaux qu’elles effectuent. C’est à la constitution des flottes de la Compagnie Transatlantique, des Messageries Maritimes, etc., que nous devons cette augmentation du nombre des unités de grande capacité. Or on sait que ces compagnies touchent pour leurs bâtimens nouveaux les primes à la construction, mais que les subventions spéciales, dont elles sont dotées par suite d’accords particuliers avec l’Etat, remplacent, en ce qui les concerne, les primes à la navigation.

En dépit de la protection accordée à la marine marchande sous les formes multiples que nous venons de décrire, le pavillon français ne transporte qu’une faible proportion des marchandises sortant de nos ports, soit peut-être une quantité représentant une valeur de 1 700 à 1 800 millions de francs sur un total de 3 100 à 3 300 millions, qui correspond à un poids de marchandises de 6 millions de tonnes environ. Nous n’avons, il est vrai, comme fret de sortie, en dehors de nos vins, rien de comparable au fer et à la houille que possède l’Angleterre, au pétrole, au blé, au coton des États-Unis, au sucre et aux mille variétés de produits à bon marché où s’exerce l’industrie si active et si ingénieuse de l’Allemagne.

Quant au fret de retour, une organisation défectueuse du commerce français à l’étranger ne nous permet pas de nous l’assurer comme savent le faire nos rivaux. Aussi le pavillon français