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LA FEMME CHINOISE
DANS LA FAMILLE ET DANS LA SOCIÉTÉ

En ce temps où les questions dites du féminisme sont scrutées et discutées avec tant d’ardeur, il m’a semblé qu’il pourrait être intéressant de rechercher quelle situation est faite à la femme en Chine, dans une société qui compte trois mille années d’existence et qui comprend trois cents millions d’hommes, une fraction importante de l’humanité : je voudrais donc réunir les observations que j’ai recueillies pendant un séjour de plusieurs années en Extrême-Orient, et tâcher d’en former un tableau d’ensemble, composé hors de tout esprit de système[1].

Avant tout, je dois rappeler que la Chine n’est pas une contrée comme la France ou l’Allemagne, mais un monde comme l’Europe ; qu’elle s’étend de la zone torride aux déserts glacés de la Mongolie; que, peuplée de races diverses, ignorant la centralisation, elle n’a d’unité que par sa civilisation : les grandes lignes de la société sont les mêmes au sud et au nord, mais avec une infinité de divergences de détail : je prie donc le lecteur, si quelque fait cité par moi s’écarte de ce qu’il sait déjà sur la Chine, de ne pas me taxer de parti pris ou d’inexactitude, sans avoir examiné si les principes chinois ne restent pas, au fond, identiques; certains faits fussent-ils même en contradiction avec ces principes, je

  1. Entre un grand nombre d’ouvrages où sont épars des renseignemens sur ce sujet, je ne citerai que quelques-uns des plus récens : The Chinese, their education, philosophy and letters, by W. A. P. Martin ; New-York, 1881, in-12. — Un mariage impérial chinois, par G. Devéria; Paris, 1887, in-18. — Rudimens de parler et de style chinois, par le P. Léon Wieger, S. J. ; Ho kien fou, 1894-96, petit in-4 (en cours de publication), etc.