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en compagnie de ses confrères en épiscopat, tous revêtus des insignes de leur dignité, sans un commissaire de police pour les surveiller, sans un Conseil d’État tout prêt à accuser d’abus quelque parole qui paraîtrait trop vive, et sans un agent du fisc en quête d’un moyen de s’approprier les revenus de leur Eglise : et je me demandais si le reproche d’immobilité et de lenteur était justement adressé à ceux qui sont loin de jouir d’une égale liberté d’allure.

En face d’un si déplorable recul dans une voie où tout aurait dû, au contraire, favoriser le progrès, la voie à suivre pour les catholiques est bien celle que le Père Maumus leur indique : la reprise énergique de leurs revendications légitimes de toute nature, dans les conditions mêmes où a eu lieu l’heureuse poursuite de la liberté d’enseignement; c’est-à-dire, par toutes les voies libérales qui leur restent ouvertes dans les institutions actuelles, presse, propagande personnelle, influence électorale, sans attendre rien de la bienveillance du pouvoir, ni surtout de sa reconnaissance pour l’appui que la république trouve dans l’attitude conciliante du Saint-Siège. Mais, pour que les conditions si heureusement remplies en 1850 aient le même effet qu’à cette date, il faut que la reproduction en soit complète, c’est-à-dire que tous les catholiques se retrouvent unis pour la défense commune de leur foi et de leurs droits, en réservant chacun pour son compte leurs convictions sur d’autres points qui les divisent. On ne distingua pas alors, dans les comités de défense religieuse, les hommes loyalement attachés à la monarchie de 1830 des amis restés fidèles à la monarchie proscrite, et c’est cet accord qui fit leur force principale. Il n’y a pas de raison aujourd’hui pour distinguer davantage entre républicains d’origine, ralliés ou royalistes.

On prétend, je le sais, qu’il doit en exister une depuis que le Saint-Père a, à plusieurs reprises, engagé les catholiques à faire une adhésion expresse aux institutions républicaines, et qu’à la suite un différend s’est élevé entre eux sur la nature et l’étendue de la déférence qui est due à l’appel pontifical. Si cette conséquence était inévitable, elle n’en serait pas moins très regrettable. Mais pourquoi l’admettre, quand le Pape lui-même vient de dire tout récemment, dans un document que j’ai déjà cité[1], qu’il

  1. Lettre à l’archevêque de Toulouse, du 20 mars 1897.