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du progrès, et cela depuis bien des années. Au lieu de recourir aux seuls pieds des mulets, on facilite la besogne des animaux en leur faisant traîner circulairement de gros rouleaux tronconiques en pierre, et presque partout fonctionne un ventilateur mécanique mû par une manivelle. Les blés et pailles ainsi obtenus ne valent pas à beaucoup près les productions similaires d’autrefois, mais restent encore très supérieurs à la paille et au blé obtenus par les batteuses.

De tout temps, la pomme de terre a été cultivée dans la vallée, mais autrefois, en vue seulement de la consommation locale. Depuis qu’une partie de la plaine reçoit l’irrigation des eaux du canal de Peyrolles, la production en grand de la pomme de terre à l’arrosage s’est largement généralisée. Le tubercule produit beaucoup dans les bons sols copieusement fumés et arrosés; l’année suivante, à la pomme de terre succède le blé. Depuis quelques années, les plantes de pomme de terre sont attaquées par une maladie assez semblable au mildew des vignes et dont il serait aisé de les guérir par le même moyen : des aspersions avec des bouillies aux sels de cuivre.

Malgré le renom justement mérité de l’huile d’Aix authentique, une bonne partie de la banlieue de cette ville, — tout le terroir situé au nord de l’ancien oppidum gaulois d’Entremont, — est dépourvue d’oliviers, comme peuvent le constater les voyageurs qui circulent d’Aix à Pertuis, Si, quittant la vallée de la Touloubre pour franchir la Trévaresse, on redescend le flanc nord de cette chaîne pour entrer dans le territoire de notre petit hameau, on constate, comme nous l’avons déjà dit, que l’olivier y est rare et peu vigoureux. Les quelques pieds assez laids qui subsistent proviennent de timides replantations ou constituent les derniers débris de vergers assez importans qu’ont ravagés certains hivers rigoureux et notamment celui de 1820[1]. Auparavant un important moulin à huile fonctionnait à la fin de chaque automne. Comme conclusion à ces courtes remarques, nous signalerons la bonne qualité des rares fruits et du peu d’huile que produisent les oliviers provençaux ou dauphinois dans le voisinage de la limite que le froid impose aux plantations régulières, et la même règle s’applique aussi à bien d’autres produits.

  1. De beaux oliviers plus que centenaires subsistent encore au sommet d’un pic presque abrupt, contrefort de la Trévaresse, qui borde la plaine en aval, vers l’ouest.